Miser sur la jeunesse et le sport collectif scolaire

 

La crise sanitaire aura de multiples impacts sur le sport. Chez Sport et Citoyenneté, nous pensons qu’elle peut être salutaire, si elle permet d’accélérer un certain nombre d’évolutions. Par le biais de tribunes d’experts, nous souhaitons recommander, aux pouvoirs publics, des mesures opérationnelles destinées à lancer le sport de l’après-crise. Nous en avions déjà recensé un certain nombre dans ce livret de propositions pour la loi Sport et Société il y a quelques mois. Aujourd’hui, alors que la politique européenne du sport ne cesse de se développer, nous renforçons cet engagement en Europe et localement.

 

 

Tribune de Raymond Froumenty, Juriste en droit public, membre du Comité Scientifique du Think tank Sport et Citoyenneté

 

 

 

Cette présentation apparaîtra restrictive pour certains et pas assez ambitieuse pour d’autres. J’en suis conscient. Cependant ce focus volontaire sur le sport collectif en milieu scolaire n’a pour seule ambition que de rappeler ou d’évoquer les conditions par lesquelles les garçons et les filles d’aujourd’hui pourraient, grâce à cette crise sanitaire majeure, faire partager par l’intermédiaire de leur discipline, la notion d’appartenance européenne commune pour demain. C’est-à-dire à l’âge auquel ils seront parvenus pour en être les acteurs politiques.

Car, foncièrement attachés aux valeurs comme aux vertus du sport, je crois que l’esprit de compétition, au demeurant consubstantiel à la nature humaine, n’altère pas la qualité des relations mais qu’au contraire il la bonifie.

Dès lors, et pour en revenir à une démonstration précise qui nous intéresse ici, j’évoquerai l’organisation du sport collectif en milieu scolaire tel qu’il m’apparait nécessaire de le réadapter en France. Ainsi, à supposer que cette vision soit partagée, cela appellerait peut-être la définition d’un tronc commun européen accepté ; la mise en œuvre comme le choix de la discipline ressortiraient toujours de la compétence des États membres. 

Bien sûr, il n’est pas question de nier l’implication de tous les acteurs déjà engagés dans le sport scolaire. Toutefois, une fois la crise actuelle passée, quatre grandes orientations pourraient certainement amener les plus jeunes à délaisser, pour un temps, l’ordinateur au profit de l’échange et du partage directs. Cela intéresserait les scolaires de l’école primaire jusqu’au lycée.

 

  • Imaginer des compétitions inter-établissements (tournois) dans la même ville, se déroulant les mercredis en lieu et place des entraînements dispensés par l’ensemble des clubs locaux… Sans pour autant interférer sur le déroulement des épreuves régionales ou nationales dans lesquelles certains seraient engagés. Ces compétitions (adaptées) serviraient au contraire la cause commune et prépareraient davantage les joueurs à la compétition de tous les clubs.
  • Réduire les trop lointains déplacements, coûteux financièrement, humainement, et sources de fatigue supplémentaire pour les élèves.
  • Procéder selon des critères propres à chaque discipline à une sélection, pour éventuellement disputer des phases finales départementales. Le brassage plus fréquent d’une catégorie d’âge ferait apparaître, je pense, une certaine reconnaissance d’intérêts et de difficultés générationnelle commune.
  • Impliquer dans cette organisation tous les acteurs issus des clubs associatifs sportifs : présidents, entraineurs, éducateurs, bénévoles. 

 

Si l’idée de faire partager un tel projet au plan européen faisait son chemin, pourquoi ne pas imaginer des tournois européens dans les disciplines choisis par chaque ville française jumelée ? En effet, dans le cadre des jumelages, des échanges culturels, sportifs, folkloriques entre pays membres rassemblent chaque année bon nombre de personnes, mais bien trop souvent des adultes. Cela nous paraît d’autant plus réalisable à l’heure ou l’Europe va devoir éprouver sa solidarité. Misons sur la jeunesse et le sport pour participer à l’après coronavirus.

 

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