3 points à retenir du Colloque :
« Priorité politique, développement économique et médiatique : priorités d’aujourd’hui et de demain pour le sport au féminin »
23 janvier 2023
Cité des Congrès de Nantes
Le lundi 23 janvier s’est tenu le colloque « Priorité politique, développement économique et médiatique : priorités d’aujourd’hui et de demain pour le sport au féminin » organisé conjointement par les Neptunes de Nantes, club professionnel de handball et volley-ball 100% féminin et le Think Tank Sport et Citoyenneté. Ils étaient 350 à y assister, signe de l’intérêt croissant pour le sport au féminin et de la diversité des intervenants conviés à y prendre la parole.
Pour cette soirée d’échanges, le rendez-vous était donné à la Cité des Congrès de Nantes, lieu idéal dans une ville qui chérit l’héritage de la pionnière Alice Milliat. Ce colloque se donnait pour objectif d’interroger les défis à relever pour l’avenir du sport au féminin avec une attention particulière pour trois domaines d’actions : l’intervention publique, les champs économique et médiatique. Pour cela, divers acteurs étaient réunis (Ville de Nantes, Région des Pays de la Loire, Département de Loire Atlantique, ADIDAS, LDLC ASVEL Féminin, Amaury Sport Organisation, REALITES, Eurosport, Les Sportives, Tik Tok, l’Association Femmes Journalistes de Sport et Ouest France) dans le but de favoriser les partages d’expériences et contribuer aux réflexions en matière de développement du sport au féminin.
En introduction de ce colloque animé par Géraldine Pons, Directrice des sports d’Eurosport et Vice-présidente du Think Tank Sport et Citoyenneté, la Ministre aux Sports Amélie Oudéa-Castéra rappelait l’engagement de chaque instant du ministère sur le sport au féminin. Elle soulignait sa volonté de renforcer la dynamique engagée en n’écartant aucune problématique, du renforcement de la pratique féminine dès le plus jeune âge, aux enjeux économique, de protection sociale et de visibilité des sportives de haut-niveau en passant par la présence de femmes aux postes clés de l’encadrement et de direction ou encore la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le sport. Elle annonçait pour cela l’organisation prochaine d’un atelier de travail dédié au sport au féminin et la relance de la conférence permanente du sport au féminin, et soulignait l’ambition française de Jeux 2024 paritaires et vecteurs de plus d’égalité de genre dans le sport.
A ce discours, faisait écho la déclaration écrite de Mariya Gabriel, Commissaire européenne à l’Innovation, à la Recherche, à l’Education et à la Jeunesse, en charge des questions Sports, soulignant la contribution de l’Union européenne sur ces sujets.
Trois tables rondes étaient ensuite proposées.
La première table ronde consacrée à l’action publique pour le développement du sport au féminin réunissait Louise Pahun, Vice-Présidente du Conseil Départemental de Loire Atlantique, Pauline Weiss, Conseillère régionale des Pays de la Loire et Emilie Bourdon, Conseillère municipale déléguée au développement du sport au féminin de la Ville de Nantes. Toutes ont souligné le volontarisme de leurs institutions en la matière. Aude Reygade, Directrice du CREPS des Pays de la Loire apportait en clôture de cette table-ronde un éclairage sur le haut niveau et le travail du Pôle Ressources National Sport Innovations (PRN SI) du ministère des Sports et des JOP, implanté sur le site du CREPS des Pays de la Loire.
La deuxième table ronde était consacrée quant à elle au développement économique du sport au féminin. Elle était ponctuée des témoignages de Marie-Sophie Obama, Présidente Déléguée du LDLC ASVEL Féminin, de Yoann Choin-Joubert, PDG Fondateur du groupe REALITES, d’Arnaud Jeangirard, Vice-Président marque Europe du Sud d’ADIDAS et de Thomas Cariou, Directeur RSE d’A.S.O.
Une vidéo de Nodjialem Myaro, Présidente de la Ligue Féminine de Handball amorçait les réflexions de la dernière table ronde consacrée aux enjeux de médiatisation. Aurélie Bresson, Fondatrice et directrice du magazine Les Sportives et Présidente de la Fondation Alice Milliat et Vincent Coté, Rédacteur en chef sports d’Ouest France, Emile Follorou, Content partnership manager Sports de Tik Tok France & Belgique y intervenaient, au même titre qu’Hadrien Hiault, chef de service vidéo et audio d’Eurosport et de Mejdaline Mhiri Journaliste sportive et co-fondatrice de l’Association Femmes Journalistes de sport.
En clôture de cette soirée, le témoignage de Vanina Paoletti, kayakiste ligérienne et espoir de médaille pour Paris 2024 donnait corps aux nombreuses thématiques évoquées tout au long des échanges. Les mots de la fin revenaient à Laurent Godet, Président Délégué des Neptunes de Nantes et Julian Jappert, Directeur général du Think Tank Sport et Citoyenneté.
Les 3 points clés du débat :
1. Paris 2024 en ligne de mire : agir en complémentarité pour l’avenir du sport au féminin
Nantes et sa région sont marqués par l’empreinte de la pionnière Alice Milliat, et l’héritage semble encore prévaloir, tant les trois collectivités conviées ont pu témoigner d’une action volontariste en matière de développement du sport au féminin.
Il est possible de mettre en exergue par exemple le soutien apporté par la Région, le Département et la Ville de Nantes, en matière de sport de haut niveau et de développement des pratiques sportives féminines. Leurs actions n’ignorent pas les difficultés d’accès aux infrastructures sportives et la nécessité de penser des espaces sportifs dégenrés, à l’image des cours d’écoles et de collèges comme ont pu le rappeler Louise Pahun et Emilie Bourdon. La problématique des violences sexistes et sexuelles dans le sport, sur laquelle la Région Pays de la Loire a lancé un appel à projet conjointement avec les services de l’État, a également été soulignée par Pauline Weiss.
Alors que l’horizon Paris 2024 approche à grand pas et que se tiendra prochainement la Coupe du Monde de Rugby 2023 à Nantes (ville-hôte de quatre rencontres), il est nécessaire de penser en région nantaise, comme ailleurs, une approche concertée et complémentaire entre les collectivités sur l’ensemble de ces sujets.
2. Développer un modèle économique pour le sport au féminin
Miser sur le sport au féminin reste encore aujourd’hui un pari perçu comme audacieux comme ont pu le rappeler les intervenants. Pourtant, au gré des efforts de ces divers acteurs (équipementier, clubs professionnels, entreprises) des progrès et succès sont à constater, à l’image du retour du Tour de France Femmes organisé par A.S.O plus de 30 ans après sa dernière édition. S’engager économiquement dans le sport au féminin c’est aussi gage de sens, à l’image du soutien apporté par Adidas à des sportives engagées comme Justine Dupont (qui agit en faveur de la protection des océans). Une stratégie partagée par Marie-Sophie Obama et Yohann Choin-Joubert. Leurs clubs (LDLC ASVEL féminin et Neptunes de Nantes) ayant adopté le statut d’entreprise à missions, ils ont affirmé leur raison d’être et défini un plan d’action orienté vers le développement du sport au féminin, son plein accès à toutes et l’utilisation du sport comme un levier d’inclusion sociale et professionnelle et d’accomplissement.
Ces énergies conjuguées doivent désormais permettre au sport au féminin de trouver sa propre voie et un modèle économique viable qui passe notamment par une sortie du modèle associatif au profit d’une plus grande professionnalisation.
3. Médiatisation du sport au féminin : passer du ponctuel au quotidien
La médiatisation et une meilleure visibilité des sportives représentent des enjeux indéniables pour le développement du sport au féminin, comme ont pu le rappeler Aurélie Bresson ou Vanina Paoletti. Si l’importante médiatisation accordée à de nombreux évènements sportifs au féminin (Euro 2022 de football, finale de handball des Jeux Olympiques de Tokyo 2020) rappelle l’intérêt croissant pour le sport au féminin, sa visibilité se cantonne encore aujourd’hui au ponctuel et peine à s’intégrer dans le quotidien médiatique. Comment y remédier ? Par l’engagement fort de certains médias, à l’image des choix éditoriaux et de l’acquisition de droits TV réalisés par Ouest-France ou Eurosport ; en diversifiant également le contenu proposé et les sujets traités, grâce à des plateformes tel que TikTok ; en questionnant enfin le traitement médiatique du sport et la place réservée aux femmes dans le journalisme sportif.
Il en va également de la responsabilité des pouvoirs publics, comme a pu le souligner Laurent Godet, Président délégué des Neptunes en clôture de cette soirée, proposant que ce soit consacrée chaque semaine sur les chaînes publiques une vitrine dédiée au sport au féminin.
Le replay de la conférence est disponible ici:
Pour aller plus loin:
« L’égalité femmes-hommes et la médiatisation égale sont inscrites dans l’histoire du handball » – Interview de Nodjialem Myaro
Communiqué de presse : « Les Neptunes de Nantes, nouveau partenaire du Think Tank Sport et Citoyenneté »