Euro et Citoyenneté : Quelles sont les dérives du football ?
Chaque jeudi, depuis le début de l’UEFA EURO 2016, l’émission « Euro & Citoyenneté », fruit de la collaboration entre la chaîne LCI et le Think tank Sport et Citoyenneté, ambitionne de traiter le sport comme un fait social total et non plus uniquement au travers des résultats et performances sportives. Ainsi, dans ses éditions, elle revient sur les faits extra-sportifs ayant marqué la semaine de compétition.
Après un début d’évènement affecté par la violence, les sanctions de l’UEFA mais aussi l’arrestation de nombre des supporters, Euro et Citoyenneté tenait à consacrer sa seconde émission aux dérives du sport. A cet effet, Brigitte Deydier (Directrice du développement à la Fédération Française de Golf, Directrice de la Rider Cup 2018, ancienne judokate française et Membre du conseil d’administration de Sport et Citoyenneté) et Dominique Bodin (Ancien Directeur du laboratoire de l’Université de Rennes 2, Professeur des universités et Chercheur en sociologie du sport et Membre du Comité Scientifique de Sport et Citoyenneté) étaient présents aux côtés de Marianne Kottenhoff afin d’échanger en direct sur le plateau de LCI.
De façon générale on peut retenir que la violence dans le sport n’est pas un phénomène causé par nos sociétés modernes. Déjà à l’Antiquité les jeux formaient un substitut à la guerre, une manière d’affirmer la suprématie de certains peuples sur les autres cités. Les pratiques culturelles étaient souvent violentes et pouvaient amener à la mort des sportifs. Aujourd’hui, cette conception est plus nuancée et on tente de faire ressortir, à bon escient, le caractère pacificateur du sport. Cependant il forme un espace social dans lequel certains voient leurs espoirs anéantis pendant que d’autres atteignent leur but. Dans ces espaces sociaux, les gens sont réunis pour être finalement opposés et le sport devient alors un processus identificatoire. La forte médiatisation des compétitions joue un rôle central, elle renforce l’instrumentalisation du sport pour en faire une tribune d’expression de la violence. Comme en témoignait Brigitte Deydier, « ce n’est pas le football qui est indissociable des violences, c’est la médiatisation, le fait qu’il y ait des télés et des micros renforce l’envie d’être « les meilleurs supporters » comme disent les Russes ». A cela Dominique Bodin ajoutait que « le football cristallise les passions car peu de sports rassemblent autant de personnes autour d’une identité (l’équipe nationale ou le club). Vous avez entre 60 000 et 100 000 personnes dans un stade, si on le compare à la violence dans les villes vous n’avez aucune chance dans un espace avec autant d’habitants de ne pas avoir des personnes violentes, des gens qui se comportent n’importe comment. On ne peut pas être surpris par cela dans le football. C’est l’hypermédiatisation qui permet finalement à certains individus de se valoriser grâce et à travers la violence ».
Ainsi le football témoigne parfaitement de la manifestation de ces dérives. On peut considérer que le supportérisme européen existe depuis les années 70, marqué par la culture de chaque pays. Nombre d’évènements ont lieu depuis. Le drame du stade du Heysel en 1985, la bousculade à l’occasion de la demi-finale de la Coupe d’Angleterre en 1989, le drame du Stadium de Port Saïd du 1er février 2012 … Autant de tragédies, aux nombreux morts, renforcés par la violence des hooligans se manifestant aux abords des stades. Lorsque l’on regarde le bilan de toutes les compétitions mondiales depuis la Coupe du Monde de 1998, ce sont chaque année des centaines de supporters blessés, des dégradations de biens en tous genres, des forces de police agressées… Un pourcentage des incidents qui ne cesse d’augmenter.
Pourtant les moyens de lutte contre cette violence sont nombreux. Tant au niveau européen que sur le sol français. Aujourd’hui, l’EURO 2016 met au centre de son organisation la coopération entre les Etats et les forces de police afin de faire avancer les choses et de sécuriser au maximum les rencontres sportives. Il est vrai qu’il faut encore travailler, en témoignent les nombreux incidents, mais ce qu’il faut garder à l’esprit c’est que lorsque tout se passe bien dans le football les médias ne relaient pas autant l’information que lorsqu’il y a des violences …
Revoir l’émission : http://www.dailymotion.com/video/x4hlv1b_euro-et-citoyennete-2-sport-et-violences-comment-se-premunir-des-derives_sport