Suite à la parution du rapport parlementaire
« 50 mesures pour relancer le Sport Français ! »,
quel avenir pour le sport d’après-crise ?

Par Eva Jacomet, chargée de mission au sein du Think tank Sport et Citoyenneté

 

Emmenés par les députés François Cormier-Bouligeon et Cédric Roussel, respectivement président des groupes d’étude « Sport » et « Economie du Sport » de l’Assemblée nationale, 69 parlementaires de LREM ont remis au Premier Ministre, Jean Castex, un rapport proposant 50 mesures pour relancer le sport français.

 

Dans sa déclaration de politique générale du 15 juillet dernier, le Premier Ministre et ancien délégué interministériel aux Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Jean Castex, a affirmé sa volonté de mettre le sport au cœur du plan de relance post crise du Covid-19. Il avait lancé une invitation aux parlementaires à lui formuler des propositions, opportunité dont se sont saisis près de 70 députés issus de la majorité présidentielle pour présenter ce rapport.

Comme de nombreux secteurs, le milieu sportif a été frappé de plein fouet par la crise. Le sport professionnel, face à la disparition ou raréfaction de ses sources de revenus (droits télévisuels, billetterie, sponsoring etc) accuse le coup et de nombreux clubs sont menacés de disparition. Dans le sport amateur, 90% des structures ont été fermées durant le confinement et les pertes sont estimées à près de 3 milliards d’euros. Souhaitant que le sport ne soit pas le grand absent du plan de relance et qu’une place plus importante lui soit accordé dans la société française, ce rapport propose 50 mesures de court et moyen terme.

Intégrer pleinement le sport au plan de relance post crise du Covid-19

Le rapport se consacre en premier lieu à la nécessaire relance économique du secteur sportif. Mesure déjà émise par le passé, il suggère par exemple la mise en place d’un chèque sport pour aider les familles les plus modestes à (re)prendre des licences sportives. Pour répondre à la menace d’une baisse des investissements, les députés proposent également la mise en place d’un crédit d’impôt exceptionnel sur les dépenses de sponsoring sportif. A ces mesures nationales, il semblerait bon d’allier des initiatives européennes. Sport et Citoyenneté propose par exemple d’assurer l’éligibilité des acteurs sportifs à l’instrument de préservation de l’emploi (« SURE ») mis en place par la Commission européenne ainsi qu’aux dispositifs CRII (Coronavirus Response Investment Initiative) et CRII+ (Coronavirus Response Investment Initiative Plus). Nous suggérons également la réorientation de certains flux de financements, à l’image des fonds structurels et d’investissement européens comme le FSE ou le FEDER, vers des actions visant à promouvoir le bien-être des citoyens par le biais du sport et de l’activité physique.

Renforcer la place du sport dans la société

En vue des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 que le rapport qualifie « d’outil de transformation de notre société », les députés signataires en appellent à réformer le domaine sportif pour y instaurer davantage de démocratie et de transparence et promouvoir un sport plus inclusif. Ils suggèrent, à quatre ans des Jeux, de lancer un grand débat citoyen sur la place du sport dans la société. Le rapport propose également d’entreprendre une modernisation des fédérations sportives en limitant par exemple le nombre de mandats présidentiel ou en contribuant à la féminisation des instances déconcentrées.

Souhaitant garantir un égal accès à tous au sport, le rapport comprend notamment une mesure portant sur l’obligation des clubs professionnels à se doter d’une section féminine. Dans une perspective similaire, il revendique une place accrue du sport dans l’ensemble des secteurs de la société : la santé, le système scolaire, dans les entreprises et formule sur ce sujet de nombreuses propositions.

Le sport, une gouvernance publique multiniveaux à clarifier

Au travers de quelques-unes mesures proposées, le rapport aborde la question de la répartition des compétences dans le cadre de la gouvernance publique sportive, sans pour autant proposer une réelle refonte et délimitation des compétences de chacun, ce que notre Think tank suggère depuis quelques années.

Bâtir une politique sportive pérenne et porteuse de changements implique une connaissance fine de la réalité sportive en France. Nous approuvons ainsi la proposition des députés visant à transformer l’Observatoire de l’économie du sport en Observatoire économique, social et sociétal du fait sportif, en faisant le vœu que cet Observatoire puisse également approfondir la question de la mesure d’impact social dans le sport, afin d’aider à la décision et de fonder les politiques sportives de demain sur la réalité du terrain et la diversité des publics concernés.

 

Avec la perspective de la présidence française de l’UE en 2022, Sport et Citoyenneté en appelle ainsi les décideurs politiques à se saisir de ces enjeux afin de définir une stratégie nationale d’abord puis européenne et internationale ambitieuse pour soutenir et renforcer davantage la place du sport dans nos sociétés.





Sport et citoyenneté