Sport sûr : briser le silence, agir pour la prévention

 

Selon les statistiques du Conseil de l’Europe, environ un enfant sur cinq en Europe est victime d’abus sexuels. Dans la majorité des cas, les agresseurs sont des personnes de confiance dans la famille, à l’école ou dans d’autres aspects de la vie sociale. Pour Julian Jappert, Directeur général de Sport et Citoyenneté, faire du sport un espace sûr pour les enfants est une dimension essentielle de l’intégrité du sport.


Le sport, bien qu’il soit un moyen d’épanouissement personnel et d’émancipation, peut aussi être un lieu où des paroles blessantes, des comportements inappropriés et des actes répréhensibles peuvent survenir. Le bizutage, par exemple, est une pratique qui n’est pas étrangère au monde sportif. Les raisons sont diverses et tiennent à la fois à la nature du sport lui-même (activité où les contacts physiques sont souvent nécessaires, où une plus grande tolérance est accordée aux violences physiques, aux blessures) et à son organisation traditionnelle (domination masculine, rapport de force entre entraîneur et athlète, effet de groupe, présence de situations à risque, etc.).

Recueillir. Alerter. Accompagner.

Cette réalité, longtemps passée sous silence, est maintenant prise en compte par les autorités publiques et sportives. Des solutions ont été proposées. Des outils de prévention ont été mis en place pour aider chacun à mieux comprendre ces problèmes et les réponses à y apporter. L’écoute s’est également améliorée. Des procédures administratives, judiciaires et disciplinaires ont été mises en place pour renforcer les contrôles, assurer le suivi des signalements et poursuivre en justice les auteurs. Cependant, beaucoup reste à faire car lutter contre les abus sexuels nécessite de lever tous les tabous autour du sportif, du corps et des valeurs (positives et négatives) que le sport peut véhiculer. Cela nécessite également, à notre avis, de remettre en question les pratiques, les habitudes, les postures, afin de mieux protéger autrui et soi-même.

Enfin, cela implique que les organisations évoluent pour minimiser autant que possible l’occurrence de tels actes et, lorsqu’ils se produisent, facilitent leur prise en charge.Chez Sport et Citoyenneté, nous pensons que l’édification d’un sport sûr est une condition essentielle à la préservation de l’intégrité du sport. Pour cela, nous militons pour :

  • Réviser et renforcer les chartes d’éthique des fédérations sportives, afin d’inclure explicitement la prévention des violences sous toutes leurs formes.
  • Accompagner les clubs sportifs à élaborer une procédure rigoureuse en cas d’alerte sur de potentiels cas de violences sexuelles, autour du triptyque « Recueillir, Alerter, Accompagner ». Recueillir la parole des victimes. Alerter les services compétents. Accompagner les victimes.
  • Créer des instances nationales chargées de surveiller la mise en œuvre des mesures et veiller à leur respect, à l’image de la cellule Signal Sports du ministère des Sports français.
  • Concevoir un espace ressource commun de formations ou d’outils de formation sur l’éthique et la prévention des violences, accessibles gratuitement aux professionnels et bénévoles du sport.

 


Cet article a été publié dans la revue Sport et Citoyenneté n°57 : Protéger l’intégrité du sport

 





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