« Le sport est devenu un facteur majeur de soft power »
Dans le cadre des Débats de l’IRIS, Pascal Boniface, Directeur de l’Institut de Relations Internationales et Stratégiques (IRIS), Membre du Comité Scientifique du Think tank Sport et Citoyenneté, accueille le 5 septembre, une table ronde sur « Paris 2024, un atout multidimensionnel pour la France ».
Vous consacrez un débat de l’IRIS à la candidature Paris 2024, à quelques jours de la session du CIO qui attribuera officiellement les JO 2024 à Paris. Selon vous, pourquoi les JO sont-ils un atout multidimensionnel pour la France ?
PB : L’impact sera en effet multidimensionnel, national autant qu’international et sociétal comme économique.
Remporter l’organisation des Jeux, après trois échecs successifs, prouve que les responsables français du dossier ont retenu les leçons du passé et se sont organisés très rigoureusement en conséquence pour remporter la victoire. Être l’hôte de l’événement le plus médiatisé et universel du monde, en ce qu’il concerne la totalité des pays et des sports, au moment où le sport revêt une importance de plus en plus forte, est une victoire importante. Certains pourront prétendre qu’il est facile de gagner quand on est seul candidat. Mais cela veut tout simplement dire que Paris a été jusqu’au bout quand les autres ont dû abandonner, ou été écartés, en cours de route. La qualité et la supériorité du dossier de Paris ont joué dans le retrait de ces autres candidatures.
Cette victoire n’était en rien tenue pour acquise, il y a encore quelques mois. D’un point de vue interne, les Jeux vont fortement mobiliser la société, booster le moral du pays et permettre un regain d’optimisme au sein d’une société française où le pessimisme ambiant est l’un des principaux freins.
En matière de diplomatie et de rayonnement, qu’est-ce que cet événement peut apporter à notre pays ?
PB : Paris va être au centre du monde. Le sport est devenu un facteur majeur de soft power et les Jeux olympiques constituent le symbole même de l’universalisme. Les grands monuments de Paris et ses alentours seront mis en valeur, ainsi que la qualité des transports. Cela va permettre un « boom » de la fréquentation touristique de Paris, dont les beautés auront été exposées à la vue du monde entier. Rien n’empêche par ailleurs d’avoir des consultations diplomatiques avec les chefs d’État et de gouvernement.
D’un point de vue prospectif, comment la France peut-elle renforcer sa diplomatie sportive dans les années à venir ?
PB : Mobilisation de tous les responsables politiques ou presque, toutes tendances confondues, en faveur de Paris 2024 ; organisation de multiples compétitions sportives mondialisées sur le territoire français ; création d’un ambassadeur pour le sport ; effritement du dédain traditionnel des élites politiques françaises pour le sport, même s’il demeure des poches de résistance.
Dans certains milieux, le mépris du sport a cédé la place à la jalousie, du fait de l’importance croissante qu’il occupe.