« Rapprocher le mouvement olympique et le secteur éducatif et scolaire »
Le Comité International Olympique (CIO) a annoncé hier la nouvelle composition de ses commissions, organes chargés d’apporter leur soutien au CIO et aux comités d’organisation des Jeux Olympiques sur une trentaine de thématiques, comme les affaires publiques et le développement social par le sport, la durabilité et l’héritage des compétitions, les femmes dans le sport ou encore l’éducation olympique.
Le cru 2017 est marqué par une forte présence de femmes (+70% depuis septembre 2013), une plus large représentation géographique ainsi que l’arrivée de plusieurs représentants de la nouvelle génération. Côté Français, 10 personnalités* participeront aux travaux de ces commissions, parmi lesquels Laurent Petrynka, le président de la Fédération Internationale du Sport Scolaire (ISF), qui fait son entrée dans la Maison olympique et avec qui nous nous sommes entretenus.
Que représente pour vous le fait d’intégrer la Commission « Éducation Olympique » du CIO ?
LP : Cela signifie avant tout une vraie reconnaissance du travail entrepris au sein de l’ISF, puisque cela fait quelques années que nous travaillons avec le CIO, et que nous sommes désormais reconnus comme une fédération internationale à part entière. Le Président Thomas Bach a d’ailleurs souligné le travail entrepris par notre mouvement sur l’éducation, qui est porté à la fois par les fédérations nationales de sport scolaire et l’ISF. Un travail massif accompli à la fois sur le terrain, puisque nous organisons directement de multiples événements, aux plans local, national, européen et mondial, mais aussi en termes de réflexion et de plaidoyer. A ce titre, les partenariats noués avec plusieurs fédérations internationales témoignent des collaborations que nous souhaitons mettre en œuvre. Nous ne sommes pas dans une situation de concurrence avec ces fédérations, bien au contraire ! Il s’agit d’une vraie complémentarité. Plus il y aura de sport à l’école, plus les enfants pourront découvrir le maximum de disciplines, plus ils auront envie de pratiquer ensuite, et de poursuivre une fois leurs études terminées.
Quels sujets avez-vous envie de porter au sein de cette Commission ?
LP : Au vu des membres qui composent cette Commission, je viens avant tout avec beaucoup d’humilité ! J’ai beaucoup d’estime pour le Président de notre Commission, Barry Maister, qui traite des questions d’éducation au sein du CIO depuis de nombreuses années. Je pense que l’essentiel est de partager nos expériences, et de mettre en commun nos réflexions et nos forces. Je crois que l’un de nos sujets majeurs sera de réfléchir à la façon de rapprocher l’école (donc les Ministères en charge de l’éducation des différents pays) des Comités olympiques et des fédérations nationales. Il y a beaucoup de travail car ce sont deux mondes qui, quelquefois, collaborent, souvent s’ignorent ou parfois même se sentent en concurrence. Il s’agit donc d’un sacré défi. Cela passera sans doute aussi par une plus forte collaboration entre le CIO et l’ISF, de façon à ce que nous puissions promouvoir ce rapprochement.
Ce thème s’intègre-t-il aussi dans l’approche « Héritage et Durabilité » des candidatures olympiques ?
LP : Évidemment. A la lecture des différents dossiers de candidature, on voit désormais la place qui est réservée au thème éducatif. En tant que président de l’ISF, mon rôle sera toujours de porter le fait que les Jeux Olympiques et Paralympiques sont une formidable occasion de promouvoir l’éducation par le sport.
A l’ISF, nous vivons les choses bien au-delà des salons et des discussions sur ce sujet. On est sur le terrain, au plus près des jeunes. Quand on dit que le sport peut favoriser le vivre-ensemble, le dialogue interculturel, la rencontre et les échanges, c’est parce que nous l’avons vu ou vécu directement. Quand, à l’occasion d’un championnat du monde, vous devez faire jouer ensemble le Kosovo, la Serbie, le Qatar, Israël et la Turquie, ce sont des questions que vous vous posez. Comment les solutionne-t-on ? On écoute et on en parle. Lors des Championnats du monde scolaires de tennis de table organisé à Eilat (Israël) l’an dernier, les élèves ont voulu discuter de ces sujets, car le lieu se portait très bien à la discussion (ndlr : Eilat est située aux frontières israélienne, égyptienne, saoudienne et jordanienne). Nous nous sommes rendus à la frontière du pays pour brandir le carton blanc de la paix avec tous les élèves venus de ces pays, ce qui nous a valu le « Best Diplomatic Action of the Year Award » de Peace and Sport. Le fait de montrer à ces jeunes qu’ils peuvent se rencontrer, se voir, s’affronter et se respecter à travers le sport, c’est extrêmement important. Le sport porte d’emblée la notion de rencontre, par le fait de s’affronter puis de se serrer la main. Nous le vivons très concrètement sur le terrain, chaque jour.
* Tony Estanguet (Vice-président de la Commission des athlètes ; Membre de la Commission des affaires juridiques ; Membre de la Commission « Durabilité et héritage », Membre de la Commission « Solidarité olympique ») ; Guy Drut (Membre de la Commission des affaires publiques et du développement social par le sport, Membre de la Commission de coordination des Jeux de la XXXIIe Olympiade Tokyo 2020, Membre de la Commission « Entourage des athlètes ») ; Denis Masseglia (Membre de la Commission « Éducation olympique ») ; Jean Todt (Membre de la Commission des affaires publiques et du développement social par le sport) ; Alain Luzenfichter (Membre de la Commission de la Communication) ; Edgar Grospiron (Membre de la Commission de coordination des XXIIIes Jeux Olympiques d’hiver Pyeongchang 2018) ; Michel Barnier (Membre de la Commission « Durabilité et héritage ») ; Jean-Christophe Rolland (Membre de la Commission « Durabilité et héritage ») ; Laurent Petrynka (Membre de la Commission « Éducation olympique ») ; Joël Bouzou (Membre de la Commission « Sport et Société active ») et Patrick Vajda (Membre de la Commission « Entourage des athlètes »).