Questionner l’héritage des Jeux à l’occasion de la journée Olympique

par Alice Buensoz

Partout dans le monde et depuis plus de 70 ans, le 23 juin célèbre la « Journée Olympique » symbole de la restauration des Jeux Olympiques modernes par le baron Pierre de Coubertin. Le sport et l’Olympisme sont mis à l’honneur par des événements, des initiations ou autres mobilisations dans l’objectif de promouvoir la pratique. L’édition 2022 porte la thématique de la paix et a pour vocation d’imposer le sport comme moyen de rassembler les peuples. 

En France, une édition d’envergure est organisée par le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024 en Seine-Saint-Denis le dimanche 26 juin. Cet événement sportif et culturel est un prélude des festivités prévues à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024. Dans l’enceinte proche du mythique Stade de France, les participants auront la possibilité de tester plus de 34 disciplines sportives et parasportives de toute envergure : handball, aviron ou encore escrime fauteuil. Les nouveaux sports olympiques seront également mis à l’honneur tel que l’escalade ou le skate. L’événement se veut être une véritable fête de la culture sportive, ainsi, la journée sera rythmée par des showcases, performances artistiques et démonstration de football freestyle. 

L’évènement se tiendra au stade de France (lieu choisi pour les épreuves de rugby, d’athlétisme et para-athlétisme en 2024) en plein cœur du département de Seine-Saint-Denis alors que les discussions sont toujours en cours concernant l’accueil de certaines épreuves telles que le tir et la boxe. D’autres sites sont confirmés tels que le futur centre aquatique de Saint-Denis et le site d’escalade du Bourget, les seuls équipements construits spécifiquement pour ces jeux qui répondent à une demande du territoire. 

De nombreux sites emblématiques des JOP de Paris 2024 sont situés en Seine-Saint-Denis : siège du COJO, stade Olympique, village des athlètes, village média, épreuves emblématiques… Par ce choix, le comité d’organisation montre son envie de valoriser ce territoire souvent oublié des politiques publiques sportives et événementielles. Pourtant, les acteurs locaux redoutent l’effet temporaire des jeux sur le dynamisme sportif et éducatif du département. Cette opposition traduit l’importance de mesurer l’impact des JOP et de sa politique d’héritage. 

Depuis plusieurs années déjà, Sport et Citoyenneté s’attache à documenter l’impact social de projets et politiques sportives. L’objectif est de mettre en avant des preuves tangibles des effets du sport sur la société et les pratiquants. Face à un projet d’envergure tel que les Jeux Olympiques et Paralympiques, de nombreuses thématiques sociétales sont soulevées avec un lien plus ou moins évident avec la pratique sportive : accessibilité des équipements sportifs et lieux publics, les mobilités et transport, l’inclusion et l’égalité, l’accès à l’éducation et à la formation… Si la forte médiatisation et l’engouement sociétal autour du sport nous laissent penser que l’impact des JOP s’inscrira forcément dans une démarche positive pour le pays d’accueil, seules des preuves objectives pourront permettre d’affirmer les progrès sociaux engendrés. La complexité de l’étude se trouve alors dans la recherche des publics initialement éloignés des sphères de pratiques, des systèmes de santé ou encore de l’éducation et de montrer des changements de trajectoires sportives dynamisés par l’accueil des Jeux Olympiques et Paralympiques en France. 

Toutefois, ces résultats permettraient de valoriser à grande échelle la place du sport au sein des politiques locales et nationales. En accueillant un événement majeur tels que les JOP, la France doit placer le sport au carrefour d’autres politiques : tourisme, santé ou encore éducation. Les mesures d’impact sont des processus de moyen et long terme qui légitiment le financement du champ du sport, et encrent ainsi notre société dans un cercle vertueux de pratique.