Que peut-on se souhaiter pour 2024 ?
Sylvain Landa, Directeur exécutif, Think tank Sport et Citoyenneté
L’année qui s’ouvre s’annonce résolument sportive ! Elle est en tout cas partie sur les chapeaux de roue en France avec, entre autres, le lancement de la Grande cause nationale dédiée au sport, un remaniement ministériel qui fait de l’éducation nationale, de la jeunesse, des sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques un portefeuille très (trop ?) ambitieux à gérer, sans parler des préparatifs pour l’accueil des Jeux qui s’accélèrent ou de la perspective des élections européennes 2024. Alors, que peut-on se souhaiter pour ces douze prochains mois ?
Un grand débat sur ce que représente le sport dans la société
Nous l’appelions de nos vœux il y a quelques mois ; on ne peut donc que se réjouir de voir le sport élevé au rang de grande cause nationale. A quelques mois de la tenue en France du plus grand événement international, il y a là une cohérence certaine. Au regard de la dégradation des indicateurs de santé, il y a même urgence à encourager le plus grand nombre de personnes à « bouger », comme le rappelait ici Régis Juanico. Un objectif qui figure au centre de la Grande Cause. Bien sûr, nous devons réussir les Jeux et, le plus important, leur héritage. Nous devons également faire tout notre possible pour que le sport et l’activité physique participent au changement de nos modes de vie sédentaires. Pour cela, nous croyons aux vertus du débat public et à la nécessité de réinterroger nos représentations du sport, de l’activité physique, et leur place dans la société. Plus que des injonctions à bouger plus, indifféremment du parcours et des aspirations de chacun, il s’agit selon nous de permettre à chacun de s’engager dans une pratique physique ou sportive régulière, de se remettre en mouvement et de prendre du plaisir à le faire. Cela implique de placer ces sujets au centre des politiques publiques, car on parle ici de santé, d’éducation, d’inclusion, de rapport à la planète et au vivant. Notre vœu est ici que cette Grande Cause permette l’émergence d’un tel débat citoyen.
Éducation nationale + Sport : un duo gagnant ?
En choisissant de rattacher l’éducation nationale, la jeunesse, les sports et les Jeux olympiques et paralympiques, le Gouvernement français a fait un choix fort. Celui de ne plus dédier un ministère de plein exercice au sport et aux Jeux à huit mois de cette échéance cruciale, et celui de confier à la même ministre le double défi de réussir les Jeux et de conduire avec succès les nombreuses réformes attendues en matière d’éducation, l’école étant « la priorité absolue » du nouveau Premier ministre. Vaste chantier ! Ce rapprochement ministériel épouse en tout cas les contours que connaissent les territoires depuis le rattachement des Directions Régionales à la Jeunesse, à l’engagement et au Sport (DRAJES) et des Services départementaux à la jeunesse, à l’engagement et aux sports(SDJES) aux préfectures et aux rectorats. Cela permettra-t-il de reconsidérer la place du sport, de l’activité physique et de l’éducation physique et sportive dans les établissements scolaires ? Au-delà des dispositifs mis en place ces dernières années, comme les trente minutes d’activité physique quotidienne ou les deux heures hebdomadaires supplémentaires au collège, parviendrons-nous à renforcer la formation des professeurs des écoles et faire en sorte que les heures dévolues à l’EPS soient pleinement respectées ? Notre vœu est ici qu’un débat serein et dépassionné puisse porter sur ce sujet.
L’Europe et le sport, pour de bon !
« L’Europe pour de bon ! », c’est le titre de la campagne de la société civile pour les élections européennes de 2024. Un message de ralliement auquel Sport et Citoyenneté participe, car personne ne peut se satisfaire du taux d’abstention aux élections européennes ni de l’Europe telle qu’elle est aujourd’hui. En cette année particulière, notre vœu est ici que le sport prenne sa place dans les débats européens. Les récentes décisions de la Cour de Justice de l’Union européenne relatives à la Super Ligue, à la libre circulation des sportifs et au monopole des fédérations sportives démontrent que le sport n’est pas absent des discussions et des enjeux européens. Sa dimension politique, économique, sociale et environnementale est reconnue dans les textes, même si le sport demeure une compétence d’appui pour l’Union européenne, aux côtés des États Membres. Alors que le projet européen connaît d’importantes remises en question, identifier ce qui nous rapproche, plus que ce qui nous divise, paraît essentiel. Comme le soulignait le regretté Jacques Delors au lancement de notre Think tank, « il est vital d’illustrer la contribution essentielle du sport à l’éducation de tous, à la fraternité et donc à la volonté de vivre ensemble. Cette action est d’autant plus nécessaire à l’heure où la crise attise le repli sur soi et le nationalisme. Elle apparaît également essentielle depuis que le Traité de Lisbonne renforce l’ancrage du sport dans les politiques communautaires ». Ces mots prononcés il y a une dizaine d’années ne sauraient être plus actuels.
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