» Point de vue – Présidence slovaque de l’UE «
25 septembre 2016
Peter Plavčan
Ministre slovaque chargé de l’éducation, de la science, de la recherche et des sports
Propos recueillis par Maxime LEBLANC et Adrien RODRIGUES
Aux commandes du Conseil de l’Union européenne depuis le 1er juillet dernier, la Slovaquie entend faire de la diplomatie sportive et de l’aspect éducatif du sport ses deux axes principaux d’action. Le Ministre Peter Plavčan nous en explique les raisons.
Quelles sont les priorités politiques et les principaux événements prévus en matière sportive durant la présidence slovaque de l’UE ?
PP : Notre thème prioritaire concerne le « Développement de la diplomatie sportive et de l’éducation dans et par le sport ». Il est basé sur la stratégie nationale « Slovak Sport 2020 », adoptée par le gouvernement en 2012 et s’intègre dans le programme suivi par l’actuel trio d’États Membres aux commandes de l’UE pour une période de 18 mois (Pays-Bas, Slovaquie et Malte).
Notre objectif est de sensibiliser au rôle diplomatique que le sport peut jouer et de mieux exploiter le potentiel éducatif du sport.
En ce qui concerne l’agenda du Conseil « Éducation, Jeunesse, Culture et Sport (EYCS) », la présidence a choisi de se concentrer principalement sur la diplomatie sportive. L’ambition est ici d’entamer des discussions sur ce sujet dans le cadre des politiques officielles de l’UE. Nous souhaiterions également que le Conseil puisse adopter des Conclusions sur la diplomatie sportive, et ainsi confirmer le rôle positif de la diplomatie sportive sur la société, le besoin d’une coopération étroite entre les États Membres de l’UE dans ce domaine et le lien étroit que cette diplomatie implique avec les pays tiers.
Par ailleurs, les ministres européens en charge du sport seront invités, au sein du Conseil, à débattre de l’impact du sport sur le développement personnel. L’objectif est ici de s’inscrire dans la droite ligne des discussions entamées en 2004, que l’Union européenne avait déclarée « Année européenne de l’éducation par le sport ». Nous inviterons à cette occasion Danka Barteková, médaillée olympique en tir sportif (skeet) aux Jeux Olympiques de Londres et actuellement plus jeune membre siégeant au Comité International Olympique.
Depuis le début de la présidence, deux événements majeurs se sont tenus à Bratislava, en lien avec les sujets que nous évoquons : une conférence sur l’éducation dans et par le sport (18-19 juillet) et une réunion informelle des directeurs européens en charge du sport (20 juillet).
Le but de la conférence, véritable plateforme de discussion, était de nourrir notre thème de travail prioritaire, grâce à un échange d’idées, de connaissances et d’expériences. De nombreux intervenants, parmi lesquels des représentants des États membres de l’UE, des experts de tout horizon et de multiples champions (dont la nageuse Martina Moravcová, icône du sport slovaque et vice-championne olympique à Sydney) ont pu échanger lors de cette manifestation sur la façon d’exploiter au maximum le potentiel éducatif du sport et son impact dans le développement personnel des individus.
Cette conférence fut suivie par une réunion informelle des directeurs des sports, offrant ainsi une perspective gouvernementale aux discussions. Les conclusions de la conférence sur l’éducation dans et par le sport furent discutées, et des experts issus d’États non membres de l’UE furent invités à débattre de la façon dont le sport peut soutenir l’éducation des valeurs et contribuer au développement, aider à transcender les différences linguistiques et socioculturelles et contribuer ainsi à la réalisation des objectifs de politique étrangère.
« Exploiter la diplomatie sportive dans les politiques officielles de l’UE »
En termes de politique étrangère justement, certains pays sont montrés du doigt pour non-respect des droits de l’homme lors de l’accueil de certains grands événements sportifs. Comment la diplomatie sportive peut-elle aider dans ce domaine ?
PP : La Slovaquie est fortement engagée dans le respect des droits de l’homme. La présidence slovaque de l’UE est favorable à la promotion du respect des droits de l’homme dans le domaine du sport, tout en tenant compte du principe d’autonomie des organisations sportives. Dans un tel contexte, des outils de coopération « souples“ et des accords volontaires peuvent avoir un impact significatif. C’est le but même de la diplomatie. Si l‘on reconnaît une dimension de “soft power“ au sport, il doit justement pouvoir être utilisé afin d’établir des accords lors de l’accueil de ce type de manifestations, où des engagements clairs sont pris entre ceux qui délèguent l’organisation et ceux qui accueillent l’événement.
Cependant, il faut se rappeler que les grands événements sportifs sont en général attribués au pays d’accueil jusqu’à sept ans avant l’événement. Ce qui veut dire que ceux qui prennent ce type d’engagements ne seront pas forcément ceux qui auront à les mettre en œuvre ! Quoi qu’il en soit, la signature de tels accord serait une étape importante dans la bonne direction.
” Des outils de coopération « souples“ peuvent avoir un impact significatif”
Êtes-vous favorable à une référence spécifique au sport dans la Convention européenne des droits de l’homme ?
PP : Je suis généralement d’accord pour tenter de résoudre les problèmes globaux que le monde du sport peut rencontrer en tenant compte d’une approche européenne de la question. Pour autant, la Convention européenne des droits de l’homme couvre les droits de l’homme dans « toutes » les circonstances, y compris dans le champ sportif, donc la nécessité d’intégrer un paragraphe spécifique au sport peut être discutée. Toutefois, si tel est le souhait des États membres du Conseil de l’Europe, alors ce serait un sujet à discuter avec les autorités nationales compétentes et les différentes parties prenantes.
Qu’attendez-vous de la deuxième édition de la Semaine européenne du sport (10-18 sept.) et de son ouverture officielle à Košice ?
PP : Nous sommes très heureux que la Semaine européenne du Sport (EWoS) 2016 se tienne pendant la Présidence slovaque de l’UE, en présence du Commissaire européen Tibor Navracsics et d’autres invités de marque. Il s’agit d’une initiative de la Commission européenne qui a trouvé un prolongement dans presque tous les États membres de l’UE depuis l’an dernier. Nous avons prévu de lancer officiellement EWoS 2016 à travers un message vidéo de Peter Sagan, notre phénoménal champion cycliste. Je voudrais d’ailleurs souligner que l’ensemble de notre programme dans le domaine du sport a un dénominateur commun, à savoir le développement des ressources humaines dans le sport axé sur les athlètes. De cette manière, nous parvenons à interconnecter toutes nos priorités et événements se déroulant lors de la présidence, mettant ainsi en évidence les valeurs du sport.