Paris 2018 – Gay Games 10 : changer la société par le sport
par Pascale Reinteau et Manuel Picaud, co-présidents, Paris 2018 Gay Games 10
Du 4 au 12 août 2018, avec la 10e édition des Gay Games, se tiendra en France la plus grande manifestation culturelle, festive, et surtout sportive du monde, ouverte à toutes et tous ! Une devise pour ces jeux, « All Equal » (« Egalité ! »), car ils entendent porter haut et fort des valeurs de respect, de lutte contre TOUTES les discriminations.
En préparant la 10e édition à Paris, l’association Paris 2018 porte cette philosophie avec ses valeurs de diversité, de respect, d’égalité, de solidarité et de partage. Le village installé sur le parvis de l’Hôtel de Ville sera une vitrine citoyenne, festive, sportive et culturelle pour un large public.
Le programme des Gay Games dépasse le sport, même si c’est la composante principale. La semaine comprend de nombreuses festivités avec les cérémonies d’ouverture et de clôture, mais aussi une soirée exceptionnelle au Grand Palais et des soirées dansantes. Du 1er au 3 août se tiendra un cycle de conférences internationales sur le sport et la diversité. Il y aura des événements musicaux, dont un grand concert au Casino de Paris. Le cinéma sera à l’honneur avec des courts-métrages ou des films. Nous organisons des randonnées, des visites guidées et des croisières ! Et nous gardons un temps de mémoire avec l’International Rainbow Memorial Run et une exposition internationale de patchwork des noms. Il y en aura pour tous les goûts et tous les publics.
36 sports seront proposés au total, les plus pratiqués étant la course à pied (athlétisme, marathon), les sports aquatiques (natation, water-polo), les sports d’équipe (football, basket ou volley), les sports de raquette (tennis et badminton). Notre palette est large, avec aussi des sports d’hiver (patinage artistique et hockey-sur-glace), des sports d’adresse (golf, pétanque et bowling) ou encore de la voile et de l’aviron.
Déconstruire les représentations fondées sur l’ignorance
L’origine des Gay Games
La compétition sportive peut être considérée comme discriminante par essence, parce qu’elle célèbre une santé « parfaite », qu’elle oppose les participant.e.s, les nationalités, qu’elle distingue les genres de manière binaire et immuable, qu’elle sélectionne sur l’âge, la performance… À la création des Gay Games en 1982, dans un monde qui pénalisait largement l’homosexualité ou la considérait comme une maladie mentale, la discrimination se faisait aussi par rapport à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. Le fondateur des Gay Games, le Dr. Tom Waddell, regrettait qu’un.e athlète ne puisse être pensé.e qu’au sein d’un système de valeurs viriliste et patriarcal. Il n’était pas possible d’être un.e athlète ET lesbienne, gay, bi.e, trans, queer ; soit l’un.e, soit l’autre !
A l’occasion des premiers jeux à San Francisco, les personnes présentes se sont approprié le sport comme un moyen de s’affirmer avec leur sexualité, leur genre, leur vie. Pour Tom Waddell, ces jeux devaient autant « rassembler une communauté plurielle autour d’un même effort, élever les consciences, renforcer l’estime de soi » que « déconstruire les représentations fondées sur l’ignorance ». Pour cela, ils devaient être ouverts à toutes les personnes adultes, sans aucun critère ni sélection.
Les neuf éditions précédentes des Gay Games ont contribué à déconstruire des représentations sociales discriminantes et oppressantes, pour que chacun.e puisse s’affirmer tel qu’il ou telle qu’elle est, dans son activité sportive et dans la vie de la cité. Ils ont donné une résonance internationale à une manière de voir le monde, fondée sur le vivre ensemble, la célébration de la diversité et l’égalité entre toutes et tous.
Revendiquer fièrement un idéal : All Equal
Mais il reste beaucoup à faire
Alors qu’aujourd’hui, le sport est vu comme un plaisir et un apprentissage du vivre ensemble, son image reflète plutôt l’exclusion des personnes présupposées moins fortes, moins courageuses comme les femmes ou les homosexuels, voire des personnes préjugées trop performantes comme les personnes trans* ou les personnes en situation de handicap disposant de prothèses. La médiatisation et les moyens concernent toujours trop le sport professionnel masculin alors que la pratique est devenue de masse et touche toutes les populations.
Encore aujourd’hui, le sport reste discriminant. Les coming-out de sportif-ve-s sont trop rares et particulièrement courageux ; les performances d’athlètes et anciennes athlètes trans sont moquées, voire niées. Encore aujourd’hui, nous devons nous battre pour faire progresser l’égalité, pour ne pas voir nos droits reculer, nos vies moquées, voire menacées.
Les jeux de Paris 2018 s’inscrivent dans cette histoire, dans ces revendications ! En 2018, le sport peut et doit toujours contribuer à changer la société ; cette manifestation, par son objet même, sera intrinsèquement politique. Nous privilégions la mixité et signons 15 engagements écoresponsables. Nous donnons l’occasion à 36 fédérations étudiantes et sportives nationales de s’y impliquer. Nous fédérons l’ensemble des pouvoirs publics et de nombreux ambassadeurs pour porter plus loin notre message. Nos préconisations incluent davantage de sensibilisation des entraîneurs, éducateurs et dirigeants, mais aussi les supporters, davantage d’observation et de sanction des comportements homophobes et davantage de valorisation de la diversité et la mixité dans le sport. Paris 2018 rassemblera des milliers de participant.e.s des plus divers, de plus de 80 pays, autour de dizaines de compétitions et événements pour revendiquer fièrement un idéal : « All Equal » !