« L’héritage sportif, territorial, sociétal se construit maintenant si l’on veut qu’il ait des effets durables après 2024 »
Député de la Loire entre 2007 et 2022, Régis Juanico s’est investi sur les enjeux socio-politiques du sport durant ses trois mandats. Il a rejoint le conseil d’administration du Think tank Sport et Citoyenneté en 2022. Portrait.
Propos recueillis par Marion Nigris et Noémie Gingue
Pouvez-vous vous présenter ?
RJ : J’ai 50 ans. J’ai été Député de la Loire de 2007 à 2022 et Conseiller Départemental depuis 2004. Ces dernières années, j’ai occupé à l’Assemblée Nationale les fonctions de rapporteur spécial pour le budget des Sports, de la Jeunesse et de la Vie Associative au sein de la Commission des Finances (2012-2017), de vice-président de la Commission des Affaires Culturelles et de l’Éducation et de Co-président du groupe de travail sur les Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
Je suis également membre du Conseil d’Administration de l’Agence Nationale du Sport (ANS) et de la Conférence régionale du sport d’Auvergne-Rhône-Alpes.
Le sport occupe une place importante dans votre engagement politique. Est-ce pour ces raisons que vous avez souhaité vous engager à nos côtés ?
RJ : Mon mandat de député s’est achevé le 21 juin 2022. Durant toutes ces années, j’ai pu participer à l’élaboration de nombreux textes de loi, j’ai suivi l’évolution du budget des sports, j’ai réalisé des centaines d’auditions des acteurs du sport et j’ai rédigé une dizaine de rapports parlementaires sur les questions sportives, notamment sur le sport santé bien-être (2009), la solidarité entre le sport professionnel et le sport amateur (2013), les liens entre sport et école (2016) et deux rapports d’évaluation (loi « Braillard” du 1er mars 2017 et sur la question de la lutte contre la sédentarité (2021)).
Je veux aujourd’hui mettre mon expérience au service des espaces de débats et de réflexions sur l’avenir du sport. J’ai donc accepté avec plaisir votre proposition de rejoindre le conseil d’administration de Sport et Citoyenneté.
Quels sont les sujets que vous souhaiteriez porter au sein de notre Think tank ?
RJ : La question de l’héritage des Jeux olympiques et paralympique est primordiale pour moi : l’héritage des Jeux, c’est avant les Jeux ! L’héritage sportif, territorial, sociétal se construit maintenant si l’on veut qu’il ait des effets durables après 2024. Les politiques publiques sportives à horizon 2030 doivent répondre à deux grands défis : la lutte contre les modes de vies sédentaires et la transition écologique.
Au-delà de la rénovation nécessaire des équipements sportifs les plus anciens, je défends l’idée d’un vaste plan qui s’adresse à toutes les collectivités territoriales sur le design actif – l’aménagement des espaces publics, du mobilier urbain, des sentiers, parcs, aires de jeux… pour favoriser l’activité physique et le mouvement des Français à proximité de chez eux – et sur les mobilités actives (plans nationaux Marche et Vélo notamment).
Quels sont pour vous les enjeux législatifs à venir concernant le sport en France ?
RJ : Les Maisons-Sport-Santé ont eu une reconnaissance législative dans la loi du 2 mars 2022 visant à démocratiser le sport. Le public éligible aux prescriptions d’activité physique adaptée (APA) a d’ailleurs été élargi à l’ensemble des malades chroniques ou présentant un facteur de risque ainsi qu’aux personnes en perte d’autonomie, ce qui constitue une avancée.
Le coût financier des APA étant encore un frein, la prochaine étape doit être le remboursement par l’assurance maladie des premières consultations médico-sportives pour la prescription de l’APA, ainsi qu’une incitation financière de la part des mutuelles pour qu’elles prennent en charge financièrement ces séances.
Vous avez été en charge des questions “Sport” dans l’équipe de campagne du candidat écologiste Yannick Jadot. Quel impact environnemental le sport a-t-il aujourd’hui et comment le réduire ?
RJ : Rendre le sport plus tempérant, c’est réduire l’empreinte carbone des activités sportives et les adapter au réchauffement climatique. L’équipe de Paris 2024 autour de Tony Estanguet s’engage fortement pour des Jeux sobres financièrement et écologiquement.
Il y a 2,5 millions événements sportifs organisés en France chaque année. Nous pourrions envisager de conditionner les subventions de l’Agence Nationale du Sport, des fédérations sportives et des collectivités territoriales en direction des clubs organisateurs au respect des critères de la charte ministérielle d’éco-responsabilité. Ce faisant, nous agirons pour une meilleure gestion des déchets, une optimisation des transports, l’élimination du plastique sur les événements sportifs, une plus grande sobriété dans la consommation d’eau ou encore la systématisation du recours aux circuits-courts pour l’alimentation proposée lors de ces événements.