« Les Jeux peuvent être le déclencheur pour placer le sport au cœur d’un projet de société »
3 février 2017
Propos recueillis par Sylvain LANDA et Maëlys LOROSCIO
Photo : © DR
Paris 2024 remet aujourd’hui au CIO le troisième et dernier volet de son dossier de candidature, consacré à l’héritage et à la livraison des Jeux. Un élément primordial pour le Président du CNOSF Denis Masseglia, qui souligne l’importance de placer le sport au cœur d’un projet de société.
Avec la remise du dernier volet du dossier de candidature et le lancement officiel de la campagne, ce vendredi 3 février marque-t-il le passage aux choses sérieuses pour Paris, Los Angeles et Budapest ?
DM : Il y a en effet des étapes incontournables. C’est en quelque sorte « le programme court », pour reprendre une expression sportive. La remise du troisième volet du dossier de candidature en est une. Les paramètres liés au dossier technique sont une condition nécessaire, ceux liés à l’héritage sont à la fois une condition nécessaire mais aussi un élément important de l’appréciation autre que purement technique des membres du CIO.
Il y a ensuite le « programme libre », où il faudra, en respectant les règles fixées par le CIO, promouvoir le projet Paris 2024 du mieux possible afin que le 13 septembre 2017 nous ayons pu séduire le maximum de personnes. A partir d’aujourd’hui, nous communiquer à l’international, en démontrant tout l’intérêt qu’il y a d’organiser les Jeux à Paris. Pour ce faire, nous pourrons nous appuyer sur tous les évènements sportifs organisés en France ces prochains mois : les Championnats du Monde de hockey sur glace, de surf, de lutte, les évènements récurrents comme Roland-Garros ou le Tour de France… Ce seront autant d’occasions de montrer notre capacité à délivrer des évènements sportifs de grande qualité et à accueillir du mieux possible les sportifs et les spectateurs du monde entier.
« Assurer la continuité de ce qui a été réalisé et s’inscrire dans la perspective des Jeux à Paris »
Les enjeux relatifs à l’héritage matériel et immatériel des Jeux Olympiques sont-ils importants aux yeux des membres du CIO ?
DM : Bien entendu. En tant que représentant du mouvement sportif, l’aspect immatériel est à mes yeux le plus important. Placer le sport au cœur d’un projet de société est quelque chose d’incontournable, et seuls les Jeux à Paris pourraient permettre de prendre conscience de cette nécessité absolue. Tout le monde est d’accord pour dire que le sport apporte beaucoup à l’éducation, au vivre ensemble, à la santé et à la cohésion sociale. Pour autant, nos décideurs – qu’ils soient politiques, économiques ou médiatiques – le considèrent-ils comme un élément primordial dans leur projet de société ? La réponse est malheureusement négative. Pour que ce soit le cas, il nous faut un facteur déclencheur, et les Jeux peuvent être celui-là.
Nous avons préparé le terrain, car il y a des choses qui sont dans l’ADN du CNOSF comme la Journée olympique, la relation avec l’école, etc. Nous avons aussi créé des événements comme la « Semaine Sentez-Vous Sport », les colloques « sport et entreprise » et des initiatives visant à promouvoir le « sport pour chacun », comme la mise en place du « médico-sport-santé ». Nous pouvons nous appuyer sur des telles actions sociétales pour appuyer l’héritage que l’on souhaite laisser à la société et à l’Olympisme. Cela nourrit la réflexion globale de remettre le sport et l’activité physique au cœur de nos vies et de notre quotidien. Au-delà de l’impact sur la santé et le bien-être de chacun, le mouvement sportif sera le premier bénéficiaire d’une vraie politique sportive. Au plus les gens seront incités à pratiquer une activité physique ou sportive, au plus il y aura de monde dans les clubs.
L’année 2017 est marquée par plusieurs échéances électorales importantes. L’élection présidentielle bien sûr, mais aussi celle du CNOSF, pour laquelle vous êtes candidat à un 3e et dernier mandat. Quelles seraient vos priorités en cas de victoire au mois de mai prochain ? Et qu’attendez-vous du prochain gouvernement en matière sportive ?
DM : Je vais diffuser bientôt le bilan des 8 années passées à la présidence du CNOSF, un bilan qui est celui d’une équipe avec qui j’ai eu le plaisir de travailler. Mon projet pour le futur repose sur deux axes : le premier, et c’est une question de cohérence, c’est d’assurer la continuité de tout ce qui a déjà été réalisé. Le second sera de développer de nouveaux axes en relation directe avec le projet Paris 2024 et son héritage, en s’inscrivant bien sûr dans une dynamique de succès.
Pour ce qui est des attentes vis-à-vis du futur gouvernement, je crois qu’il faudra que l’on soit beaucoup plus restreint dans nos sollicitations, pour que ce que l’on souhaite vraiment puisse se mettre en place. Cela concerne autant le haut niveau et la façon d’être encore plus performant que la base, pour que nos clubs se développent du mieux possible. Notre préoccupation au CNOSF est que les clubs puissent bénéficier d’une politique sportive qui les mette en avant. Il ne faut jamais oublier qu’avec 180 000 associations, nous constituons un réseau absolument exceptionnel, et c’est ce réseau qui doit être le premier bénéficiaire des Jeux si nous avons le bonheur d’être élu au mois de septembre prochain.