L’économie circulaire et les grands évènements sportifs, le cas des Jeux de Paris 2024

Par Anna Gerke, Professeur Associé chez Audencia et Membre du Comité Scientifique, Think tank Sport et Citoyenneté

 

 

Face aux défis environnementaux de plus en plus pressants, en particulier la consommation rapide des ressources naturelles, l’économie circulaire et ses principes émergents comme une solution prometteuse. Les organisations sportives ont commencé à s’engager dans cette voie, à la fois par une approche produit, tant au niveau organisationnel, qu’industriel, qu’à l’échelle de leur écosystème. Sur une courte période, les grands événements sportifs consomment une grande quantité de ressources et sont donc appelés à raisonner de façon plus durable.

À cet égard, le Comité d’organisation de Paris 2024 est le premier des Comités olympiques de l’histoire à avoir nommé un responsable de l’économie circulaire. Cette nomination, s’est accompagnée de la publication, en novembre 2023, d’une stratégie attenante. Ces efforts, initiés autour des grands principes de l’économie circulaire, pourront-ils suffire à bâtir un héritage plus durable pour les Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 ?

L’économie circulaire repose sur trois principes clés :

1. Éliminer l’utilisation de nouvelles ressources en concevant sans déchet ni pollution
2 .Utiliser exclusivement des ressources renouvelables comme sources d’énergie
3 .Créer des systèmes qui non seulement réduisent l’impact environnemental, mais aussi qui régénèrent activement les écosystèmes et s’intègrent dans les communautés.

Pour mettre en œuvre ces principes, les stratégies circulaires promeuvent l’allongement de la durée d’utilisation des produits, des matériaux et des ressources, ainsi que le développement de nouveaux modèles pour répondre aux besoins (par exemple, des solutions de produit en tant que service). Ces principes doivent être appliqués tout en maintenant l’équité sociale et en garantissant une gestion environnementale écoresponsable.

Une stratégie pour un sport plus durable

En ce sens, le Comité d’organisation de Paris 2024 a publié dix engagements pour réaliser des « Jeux plus circulaires ». La plupart de ces engagements correspondent au premier principe de l’économie circulaire mentionné précédemment. Ainsi, 95 % du parc d’infrastructures des Jeux olympiques se compose d’infrastructures existantes ou temporaires. Cela permet d’éliminer en grande partie l’utilisation de nouvelles ressources destinées aux infrastructures sportives. Le Comité s’est également engagé à maximiser la seconde vie de tout matériel ou produit utilisé pendant les jeux. Par conséquent, 100 % des meubles des sites olympiques seront réutilisés et 100 % des infrastructures et structures temporaires bénéficieront d’une seconde vie.

En outre, le Comité d’organisation de Paris 2024 a demandé aux sous-traitants participant aux appels d’offres d’intégrer dès le départ cet aspect de seconde vie dans leurs propositions. C’est une initiative louable, car elle reflète les ambitions du Comité visant à promouvoir une économie plus circulaire et résiliente dans l’ensemble de sa chaîne d’approvisionnement.

90 % des supports de marketing et de signalisation seront réutilisés, réemployés ou recyclés après les jeux. Enfin, 80 % de la production de déchets devraient être évités par rapport aux jeux précédents ou récupérés pendant les jeux. Le Comité d’organisation vise une réduction de 50 % des déchets plastiques à usage unique par rapport aux jeux précédents. Bien que ce soit un effort honorable, cela ne résout pas le problème et n’engage pas de nouvelles conceptions créatives et régénératives (par exemple, remplacer les produits à base de plastique par des produits à base de matériaux organiques). Ce type d’initiative inspirée par des principes de l’économie circulaire permettent de réduire l’impact global des Jeux, en diminuant le recours à des nouvelles ressources.

En revanche, il est difficile de connaître l’impact des Jeux en termes de consommation d’énergie et de pollution puisqu’aucune mention concernant ces deux dimensions n’est évoquée dans la stratégie d’économie circulaire du Comité d’organisation de Paris 2024. Une petite attention a toutefois été apportée aux solutions relevant du leasing, du partage et de la location à l’image des équipements sportifs, technologiques et de sécurité qui sont loués à hauteur de 60%. La production locale est favorisée, mais dans une très faible mesure puisque seulement 15 % des produits sous licence sont fabriqués en France et utilisent des matériaux biologiques ou recyclés. C’est un chiffre plutôt insatisfaisant du point de vue des petites productions locales et des circuits de consommation, un point stratégique de l’économie circulaire.

Dans l’ensemble, il convient de féliciter le Comité d’organisation de Paris 2024 pour ses efforts réels, sérieux et respectables visant à rendre les Jeux olympiques plus circulaires. La balle est désormais dans le camp du Comité olympique des Jeux de Los Angeles pour rendre les Jeux vraiment circulaire en 2028.

 

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