Interview de Sarah Hanffou
Sarah Hanffou, pongiste internationale camerounaise, avocate en droit du sport et membre de notre Conseil d’Administration fait partie des vingt-six lauréats de l’incubateur né du partenariat entre l’AFD (Agence Française de Développement) et Paris 2024. Cet incubateur propose un accompagnement aux athlètes-entrepreneurs souhaitant développer et promouvoir l’impact social et environnemental du sport en France mais aussi sur le continent africain. Dans le cadre de son association Ping Sans Frontières, Sarah a lancé la marque Tako, des tables de tennis de table entièrement construites au Ghana et dont les bénéfices seront reversés à des actions sociales du pays.
Propos recueillis par Noémie Gingue
En quoi consiste votre projet et comment illustre-t-il l’impact social et environnemental que le sport peut avoir ?
SH : L’idée de départ est de favoriser la construction de tables de tennis de table à Takoradi, au Ghana, d’où provient d’ailleurs le nom de la marque : Tako. Ces tables sont faites à partir de matériaux et composantes que l’on trouve au Ghana. Elles sont fabriquées à Takoradi, par des menuisiers locaux. Je suis partie du constat assez diffus que, sur le continent africain, beaucoup de choses sont importées. C’est le cas notamment des équipements de sport, alors même qu’on peut tout à fait les fabriquer sur place. Les savoirs-faires et les matériaux nécessaires à la construction existent. Fabriquer sur place, cela permet de réduire considérablement l’empreinte environnementale et d’avoir un impact positif sur l’emploi et l’économie locale. Ce projet, c’est également un moyen de créer un véritable écosystème autour du tennis de table. C’est quelque chose de crucial si on souhaite développer ce sport en Afrique. L’objet premier, c’est de permettre aux enfants de faire du sport, de rendre accessible le tennis de table et de l’intégrer aux programmes scolaires. Je le fais avec le tennis de table parce que c’est le sport que je connais le mieux.
Je souhaite que le projet Tako ait un impact social fort, donc l’idée est de développer un social business où les bénéfices générés par la vente des tables seront directement réinjectés dans des projets sociaux en Afrique. Le premier projet social sera conduit à Takoradi. Nous reversons les bénéfices à l’ONG locale avec qui nous sommes partenaires sur ce projet. Cet argent permettra de financer des actions de soutien scolaire, des cours d’informatique et des séances de découverte du tennis de table. En fonction des ventes, nous étendrons ensuite le projet à la ville d’Accra puis dans d’autres villes ghanéennes et, plus largement, au continent africain. Pourquoi pas le répliquer vers le continent latino-américain où l’association Ping Sans Frontières opère déjà si cela fonctionne bien ?
En quoi consiste l’accompagnement proposé par l’incubateur ?
SH : L’accompagnement qui nous est proposé se compose de six modules qui nous sont dispensés depuis janvier jusqu’au mois de novembre. Il y a par exemple un module marketing et distribution, un qui concerne davantage la planification financière, etc. Chaque module dure cinq semaines. L’incubateur nous propose également trois boot camp et nous a désigné un mentor qui nous suit sur la totalité de notre projet. Le mien est spécialisé dans le marketing digital et il est franco-ghanéen. Il connaît très bien le marché ghanéen et m’apporte une aide précieuse dans la construction de ce projet. De manière générale, je trouve que c’est un excellent accompagnement, très pratique grâce à l’intervention d’experts sur chacun des modules. Je ne connaissais pas grand-chose au marketing digital et au prototypage. Grâce à cet accompagnement, je dispose de tous les outils pour mener ce projet de A à Z, de la création de la structure à l’entrée sur le marché, et le tout gratuitement.
On vous sait très investie à travers votre association Ping Sans Frontières (PSF). Avez-vous d’autres projets en cours ?
SH : Oui, un notamment, en partenariat avec Cornilleau, mon sponsor. Cornilleau accompagne depuis plusieurs années PSF. De fil en aiguille, il nous est venu l’idée de monter un projet, qui consiste à récupérer grâce à des urnes mises à disposition des clubs volontaires les revêtements usagers des raquettes de ping pong, pour les réutiliser et leur donner une seconde vie. C’est un projet qu’on a lancé en 2020 et qui compte déjà 120 clubs partenaires. Il est appelé à se développer encore davantage puisque la Fédération Française de Tennis de Table (FFTT) vient de nous rejoindre. C’est une action que PSF menait déjà auparavant. Toute cette logistique va nous permettre de donner plus d’ampleur au projet et pourquoi pas de l’étendre à d’autres disciplines sportives.