» Le Kin ball favorise la mixité, encourage le fairplay et l’échange constructif «
Interview d’Armel Pineau, coordinateur européen de Kin ball
Propos recueillis par Emmanuelle Jappert, Ecrivaine,
Le Kin Ball, trop méconnu encore, malgré ses nombreux atouts, mérite un coup de projecteur à l’occasion de la Coupe du Monde qui se déroulera du 27 octobre au 2 novembre aux Ponts-de-Cé près d’Angers en pays de la Loire. Nous avons rencontré le coordinateur européen, Armel Pineau, afin d’en savoir plus sur les origines de ce sport et sur son développement à l’international.
S&C : Le Kin Ball nous vient tout droit du Québec et se déploie en France depuis sa création en 1986. Pouvez-vous nous retracer la genèse de cette discipline innovante et en quoi, justement, elle est dans l’air du temps ?
AP : Imaginé par Mario Demers, ancien professeur d’éducation physique, le Kin Ball s’est imposé à lui quand il a constaté à quel point l’obésité devenait un fléau, déjà en 1986 ! Le fait de créer un gros ballon de baudruche d’1,22 m et de renverser tous les codes habituels des sports collectifs en modifiant le rapport à l’adversaire (trois équipes de quatre s’affrontent), oblige tout le monde à toucher le ballon et donc, à rester en mouvement. Ensuite, pour supprimer toute notion de dualité, on joue « avec » et pas « contre ». Et ça change tout ! Le but du jeu est de lancer le ballon en criant « Omnikin » (c’est le nom de la marque qui fabrique les ballons, omni en latin voulant dire tout et kin mouvement en grec) et de le rattraper le ballon avant qu’il ne touche le sol. Cela demande une grande richesse de stratégie et l’esprit d’initiative. Au début de son apparition, Olivier Bouvet, un angevin étudiant en STAPS, fait son stage au Québec et, séduit par le Kin Ball, décide de le faire découvrir en France. Mais ce n’est quand 2010 qu’il prendra veritablement son essor avec la création de nombreux clubs en régions. Il intéresse particulièrement les établissements scolaires, puisque ce sport favorise la mixité, encourage le fairplay et l’échange constructif. A cela s’ajoute qu’il est accessible à tous puisqu’il développe des habiletés motrices. Dès les premières minutes de jeu, les joueurs peuvent s’amuser et se trouver même doué, ce qui encourage chacun à persévérer plus facilement. Personne ne peut se retrancher derrière d’autres joueurs et éviter le ballon. Chacun est obligé de jouer et de s’adapter à ses coéquipiers.
S&C : Qu’en est-il aujourd’hui du déploiement de la discipline en France et en Europe ? Et quels sont les freins qui empêchent qu’il soit plus connu et reconnu ?
AP : Pour obtenir l’agrément du Ministère des Sports, il faut un certain nombre de licenciés en France et nous n’en avons pas encore suffisamment. L’Ultimate, par exemple, a eu son agrément quand il a atteint 4 000 licenciés. Nous en sommes encore loin puisque nous n’en comptons qu’environ 1 000 actuellement. Beaucoup d’écoles ont fait l’acquisition du matériel mais les professeurs ne sont encore suffisamment formés. Mon rôle est de prêcher la bonne parole et de donner l’envie de créer plus de clubs en France et dans les autres pays européens. Je vais d’ailleurs, toute l’année, de pays en pays, à la rencontre d’acteurs potentiels pour les aider dans leur développement. C’est intéressant d’être là au moment où tout est à déployer pour passer à une autre échelle. Nous sommes face à un beau défi. En ce moment, nous mettons le focus sur la Norvège et l’Italie, qui ne connaissent que peu la discipline, contrairement à la France et la Belgique (il existe par exemple huit clubs rien que dans la région de Liège).
S&C : La prochaine Coupe du Monde aura lieu aux Ponts-de-Cé dans quelques mois. Comment l’appréhendez-vous ?
AP : Le week-end du 13 et 14 avril dernier, nous avons organisé un tournoi amical entre les équipes de France, de Belgique et de Suisse. Une belle entrée en matière. Mais autant dire que les différentes nations redoutent toutes le jeu des canadiens qui règnent en maître sur « leur » sport et aussi celui d’un autre poids lourd : le Japon. Ce dernier a accueilli la dernière Coupe du monde en 2017, qui a lieu tous les deux ans et il ne compte pas moins de 100 000 pratiquants sur l’archipel. Beaucoup commencent à l’école et les seniors n’hésitent pas non plus à y jouer, tandis qu’en Europe on découvre plutôt la discipline vers 23/24 ans. Nous sommes impatients de rencontrer les différentes nations et de les accueillir en France pour un moment qui sera avant tout ludique et convivial (avec tout de même un esprit de compétition certain !).