« Encourager le décloisonnement entre les secteurs »

Délégué général à la transmission, aux territoires et à la démocratie culturelle (DG2TDC) au sein du ministère français de la Culture, Noël Corbin se réjouit de la dynamique impulsée par l’Olympiade culturelle de Paris 2024 et souligne l’intérêt de pérenniser ces initiatives une fois les Jeux passés.

Quelles sont les missions de la DG2TDC ?

La DG2TDC a été créée il y a deux ans, avec l’objectif de démocratiser les politiques culturelles et de garantir l’accès de tous les habitants à l’offre et aux pratiques culturelles, dès le plus jeune âge et tout au long de la vie. Nous travaillons notamment sur l’éveil et l’éducation artistique et culturelle, en veillant à ce que les dispositifs s’adressent à tous, et notamment aux publics éloignés ou empêchés. Nous agissons également dans une démarche interministérielle, en croisant les politiques publiques pour renforcer l’efficacité de nos actions. Il est important de rappeler que l’accès à la culture est un droit et que nous devons faire en sorte qu’il soit respecté.

Nous nous intéressons aux liens entre « sport » et « culture ». Est-ce un levier qui apparaît dans vos réflexions ?

Oui, notre ambition est d’ouvrir les portes des institutions culturelles au sport et de créer des familiarités entre ces deux univers parfois étanches. La forte dynamique des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024 (JOP 2024) impulse une opportunité de connecter ces domaines. C’est pourquoi nous avons créé une mission « Culture et Sport » au sein de notre délégation. Nous avons aussi créé des partenariats avec des associations culturelles et des fédérations sportives, comme la Fédération Française de Randonnée Pédestre. Le « sport » et la « culture » ont parfois tendance à être opposés alors que les similarités sont nombreuses et très complémentaires. Prenons l’exemple de la danse, qui unit activité artistique et sportive, et qui sera pour la première fois au programme des Jeux de Paris 2024 avec le breakdance. Le sport et la culture sont en définitive animés par les mêmes ambitions, notamment celle de contribuer à l’épanouissement de chacun.

« La fête de la musique 2024 aux couleurs des Jeux »

La France accueillera l’an prochain les JOP 2024. Comment jugez-vous la dynamique autour du dispositif de l’Olympiade culturelle ?

L’Olympiade culturelle fait partie des livrables demandés par le CIO au pays organisateur. C’est donc Paris 2024 qui en a défini les grandes orientations. Toutefois, notre ministère joue un rôle majeur dans le travail de programmation de l’Olympiade en veillant à irriguer l’ensemble du territoire national. Le parti pris pour les jeux de Paris 2024 est celui d’une « éditorialisation » de l’Olympiade autour de l’interaction entre sport et culture. Il s’agit de décloisonner et de faire entrer en résonnance ces deux mondes.
Nous disposons de deux réseaux importants pour établir cette programmation : nos opérateurs culturels nationaux et nos DRAC (Directions régionales des affaires culturelles). De grandes manifestations d’envergure nationale se mettront aux couleurs du sport et des Jeux ces prochains mois, comme les Journées européennes du patrimoine en septembre 2023 ou la Fête de la musique en juin 2024. Nos opérateurs nationaux développeront quant à eux une programmation spéciale, comme le musée du Louvre, la Philharmonie de Paris ou encore le Centre National du Cinéma, pour ne citer qu’eux.
S’agissant des DRAC, elles construisent une programmation avec les acteurs culturels et les collectivités territoriales. L’objectif est d’infuser l’esprit du sport et des Jeux sur l’ensemble du territoire, à travers des manifestations culturelles participatives. J’insiste aussi sur la préoccupation de notre ministre de se saisir des Jeux Paralympiques pour mettre en avant des projets donnant une visibilité aux personnes en situation de handicap. Un appel à projets a été déployé en ce sens, et 15 projets ont été retenus.

Comment faire en sorte que cette dynamique perdure après 2024 ?

Tout le travail engagé à l’occasion de l’Olympiade culturelle permet de créer des liens entre les univers du sport et de la culture. C’est une opportunité formidable pour créer un rapprochement et un dialogue durables.
Par ailleurs, le plan Héritage des Jeux garantira la pérennité de nos collaborations. Parmi les 170 mesures de ce plan plusieurs concernent nos deux ministères. Je pense notamment à la mobilisation des écoles et des établissements d’enseignement pour développer des projets d’éducation artistique et culturelle et d’éducation aux médias en lien avec l’Olympisme, ou encore à la promotion du tourisme culturel et sportif.
Pour finir, le dialogue engagé entre le ministère de la Culture et celui des Sports devrait donner lieu à la rédaction d’un texte interministériel qui incarnera nos ambitions communes. Ce texte aura vocation, sur les territoires, à renforcer les échanges et collaborations entre les services de l’Etat, en l’occurrence les DRAC et les DRAJES (Délégations régionales académiques à la jeunesse, à l’engagement et aux sports). Cette démarche est essentielle pour capitaliser sur les retombées de l’Olympiade culturelle et des Jeux de Paris 2024.

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Sport et Citoyenneté n°55 : Promouvoir le sport et l’activité physique par la culture