Nous devons mettre les valeurs essentielles du football au centre de nos activités
30 septembre 2013
Thierry Regenass
Ancien Directeur de la division « Associations Membres et Développement » de la FIFA
Alors que la FIFA en termine avec son processus de réformes et se tourne vers le Brésil en 2014, quelles sont ses priorités du point de vue du développement ?
TR : Pour commencer, il faut revenir sur le processus de réformes. Il n’est pas terminé, pour deux raisons. D’abord, si la FIFA a reconnu un besoin de transformation profond ces dernières années, elle doit également être continuellement vigilante sur les questions de transparence et de bonne gouvernance.
Ensuite, les réformes dans le monde du football ne concernent pas que la FIFA. Ce que nous avons commencé à mettre en place doit, petit à petit, influencer les autres niveaux de la pyramide du football – les confédérations, les associations membres, les ligues, etc. Prenez par exemple la représentation féminine au comité exécutif, la transparence financière, le renforcement des structures d’Ethique ou les mesures anti-discrimination, ce sont des éléments que l’on souhaite voir intégrer les organes du football dans les prochaines années.
Et pour faire le lien avec notre travail dans le développement du football, ce sont justement des points sur lesquels nous allons travailler avec les associations membres, dans les prochaines années.
Mettre les valeurs essentielles du football au centre de nos activités
Racisme, corruption, montants de transferts de joueurs, violences… le football semble parfois représenter les plus mauvais côtés de nos sociétés. Que peut faire la FIFA pour corriger cela ?
TR : Dans notre travail de développement du football avec les associations membres, je pense qu’un aspect crucial est le retour aux valeurs du football. Comme pour les réformes, la FIFA se doit d’être exemplaire. Nous devons mettre les valeurs essentielles du football au centre de nos activités – le respect des règles, la valorisation de la participation et du collectif, la solidarité, le fair-play… Nous devons rappeler à tous les acteurs de notre sport ce qui en fait la beauté, nous devons le démontrer dans nos actions, et faire en sorte que ce soit transmis à l’ensemble de la communauté du football mondial. Nous avons les moyens pour cela, que ce soit par le biais des règlements, de l’arbitrage, de nos compétitions, mais aussi notre action « pédagogique » avec les associations.
Concrètement, comment est-ce que la FIFA rend service à la société ?
TR : Parce que nous croyons aux vertus de la participation au football, en particulier pour les jeunes, notre première mission est de faire en sorte que chaque individu souhaitant jouer au football puisse le faire dans les meilleures conditions possibles. Or, améliorer ces conditions de façon systématique est très complexe : cela suppose des organisations (nationales, locales), des ressources adéquates (humaines, financières, infrastructures), des volontés (politiques, bénévoles, partenaires). Depuis plus d’une décennie, la FIFA investit un important pourcentage de ses revenus dans des programmes de développement répondant à ces enjeux.
A l’heure actuelle, nous injectons plus de 200 millions USD par an dans le football mondial à travers des aides financières directes, des financements de projets importants comme la construction de terrains, et à travers des programmes spécifiques destinés à améliorer le football et toutes ses composantes – au niveau technique bien sûr, mais aussi du management du football, de la gouvernance, de la gestion des infrastructures etc.
Mais c’est un travail de longue haleine – notre réalité aujourd’hui est que dans une immense partie du monde, quasiment tout est à construire pour permettre aux enfants de jouer au football de façon structurée.