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« Assurer notre rôle sociétal est une responsabilité de premier plan »

 

En octobre 2023, la Fédération Française de Football (FFF) a présenté son plan d’engagement sociétal. Quels sont les objectifs et les moyens mis à la disposition de la direction de l’engagement pour les atteindre ? Les réponses de Philippe Diallo, président de la FFF.

 

Pourquoi était-il important de réaffirmer la responsabilité sociétale de votre fédération ?

Notre fédération a traversé une période de crise et il était important d’affirmer que la performance sociétale de notre football se doit d’être au cœur de notre projet associatif, au même titre que la performance sportive ou économique.

Révéler ce plan consistait aussi à rappeler à quel point notre football, s’il est un miroir de la société et des problèmes que cette dernière traverse, est aussi un lieu qui permet à toutes les populations qui s’y côtoient de s’épanouir. Assurer pleinement ce rôle est pour la FFF une responsabilité de tout premier plan. C’était enfin une manière de prendre publiquement des engagements forts, que nous mettrons en œuvre avec intégrité, transparence et sincérité.

Sur quels volets allez-vous agir ?

Le premier axe concerne la lutte contre les violences et les discriminations, de quelque nature qu’elles soient. Afin de libérer la parole, nous avons déployé en novembre dernier une plateforme d’alerte en ligne, accessible à tous les publics et garantissant l’anonymat. La formation et la sensibilisation de nos encadrants et licenciés, piliers centraux de notre stratégie, est un autre outil indispensable pour cultiver un environnement sûr et respectueux pour tous. Nous souhaitons que 100% de nos encadrants soient formés en 3 ans et que 75% des licenciés soient sensibilisés en 3 ans. L’écoute et l’accompagnement des victimes se sont renforcés par un partenariat avec France Victimes, qui agit comme interlocuteur privilégié et professionnel pour écouter, conseiller et accompagner toutes les victimes qui le souhaitent.

Ces objectifs ambitieux ne pourront être atteints que grâce au concours de nombreuses associations expertes, que nous avons sollicitées à travers un appel à projets associatifs unique en son genre. Enfin, nous agirons avec fermeté et de manière systématique sur le volet répressif, par toutes les voies réglementaires à notre disposition. La banalisation de ces faits n’est pas une option : toute forme de violence doit être sanctionnée.

 

La parité, la diversité, l’inclusion et l’insertion figurent parmi les enjeux à relever. Comment comptez-vous renforcer votre impact sur le sujet ?

Nous visons 500 000 licenciées d’ici 5 ans et faciliterons l’accession des licenciées à tous les postes de notre football. Cet engagement va au-delà des chiffres : il consiste à utiliser le rôle sociétal du club pour créer des opportunités d’insertion sociale, professionnelle, financière. Nous continuerons également de renforcer le rôle éducatif auprès des jeunes à travers la diffusion du Programme Educatif Fédéral ou du dispositif d’accompagnement scolaire Puissance Foot. Enfin, nous souhaitons développer les opportunités d’accès à nos pratiques à des publics qui en sont plus éloignés (personnes en situation de handicap, personnes exilées notamment).

 

L’urgence climatique ne peut plus être ignorée. Comment jugez-vous la marge de progression de votre fédération sur cet enjeu ?

L’urgence climatique est une réalité à laquelle aucun secteur ne peut se soustraire. Nous avons pris des mesures significatives comme la systématisation du transport en train pour les trajets courts, un plan en cours de réduction de nos émissions de gaz à effet de serre et une sensibilisation de 100% de nos jeunes licenciés aux enjeux climatiques. Toutefois, il y a toujours une marge de progression. Notre ambition est de faire de la FFF un exemple en matière d’initiatives écologiques, en intégrant la durabilité dans toutes nos opérations et en incitant notre écosystème à adopter des pratiques plus respectueuses. C’est la raison pour laquelle nous nous engageons à rechercher et développer des solutions innovantes, en collaboration avec des partenaires publics et privés à l’image du consortium de recherche SPOR&D lancé en novembre dernier. Il en va de la pérennité de nos pratiques et de la crédibilité de notre discipline.

 

Ce plan s’accompagne d’une réorganisation au niveau de la gouvernance fédérale. Est-ce essentiel pour permettre un pilotage et une évaluation plus précise ?

Cette réorganisation vise à instaurer un cadre de gouvernance plus agile, transparent et réactif, capable de piloter avec efficacité les diverses initiatives. Notre nouvelle Commission fédérale de l’engagement, qui compte des personnalités externes engagées et reconnues, aura ainsi la charge de suivre la mise en œuvre du plan et d’en rendre compte chaque année devant l’assemblée fédérale.

Par ailleurs, une direction de l’engagement a été créée, permettant d’inscrire la responsabilité sociétale au cœur de notre fonctionnement, avec des ressources humaines et financières renforcées (6M€ supplémentaires sur 3 ans).

Et parce que la crédibilité d’une démarche sociétale passe par la mesure de son impact, nous avons demandé à un tiers indépendant de vérifier la réalité des politiques conduites et d’en rendre compte. C’est aussi le sens de notre future collaboration avec l’UNESCO pour la création d’un observatoire de l’impact sociétal du sport.

 


Cet article a été publié dans la revue Sport et Citoyenneté n°57 : Protéger l’intégrité du sport

 



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