« Aller plus loin sur la question de la reconversion »
Initiés par la Fondation d’entreprise FDJ associée au Think tank Sport et Citoyenneté, les « Débats du Sport Solidaire » s’intéressent, pour cette troisième édition, à l’accompagnement des sportifs dans leur après-carrière (lundi 13 novembre, Amphithéâtre du CNOSF). Un sujet majeur pour Charles Lantieri, Directeur Général Délégué de FDJ et Président de la Fondation FDJ, et Julian Jappert, Directeur du Think tank Sport et Citoyenneté.
La reconversion des sportifs est un sujet parfois délicat. Pourquoi vous pencher sur cette question aujourd’hui ?
CL : Il y a 25 ans, nous avons créé le Challenge FDJ, qui comprend 2 volets. Le premier volet est financier, à savoir une bourse de 15 000€ permettant d’aider de jeunes sportifs à une période-clé de leur carrière ; ce soutien financier leur permet de pratiquer leur discipline dans de meilleures conditions et de franchir un cap. Le deuxième volet est constitué d’un large dispositif d’accompagnement à la gestion de carrière et à la préparation de leur reconversion. Mais avec le recul de ces 25 ans, nous constatons que la fin de carrière reste toujours difficile. D’où la volonté d’aller plus loin sur cette question. En tant qu’acteur engagé, majeur, du sport en France, il était naturel que nous apportions notre « petite » pierre à l’édifice au même titre que tous les acteurs concernés.
JJ : Cette problématique est récurrente et, ces dernières années, elle est devenue une véritable préoccupation des pouvoirs publics nationaux et européens. C’est en effet un sujet délicat, car il est multidimensionnel : la reconversion des sportifs a des conséquences sociales, psychologiques et parfois même corporelles. C’est un processus long, qui nécessite une volonté de la part du sportif, un accompagnement, de l’anticipation et de la coordination entre de nombreux acteurs.
Selon vous, quels sont les leviers à actionner pour aller plus loin dans la démarche ?
CL : Le statut du sportif de haut niveau a connu ces dernières années des évolutions positives notables. La loi du 27 novembre 2015 « visant à protéger les sportifs de haut niveau et professionnels et à sécuriser leur situation juridique et sociale » a consolidé un certain nombre de dispositions existantes (accès facilité aux concours, aux études, à l’apprentissage notamment). Elle consacre aussi le rôle des fédérations sportives dans l’accompagnement des sportifs. Par ailleurs, le recours aux conventions d’insertion professionnelle (CIP) et aux conventions d’aménagement d’emploi (CAE) a été dynamisé par la mise en place du « Pacte de Performance » initié par Thierry Braillard. Néanmoins, les questions d’insertion professionnelle ou de reconversion restent problématiques. Des sportifs s’engagent parfois dans des formations par défaut, ou les abandonnent très rapidement. A la fin de leur carrière, ils peuvent se sentir démunis ou « pas au niveau » quand ils rencontrent des entreprises. Pourtant ces champions ont acquis de l’expérience et des compétences tout au long de leur carrière. Ces acquis, nous voulons les valoriser et les valider par un process sur lequel nous avons travaillé avec de nombreuses parties prenantes. Nous dévoilerons les grandes lignes de ce programme « Sport Compétences » le 13 novembre prochain.
JJ : En matière d’insertion professionnelle, des dispositifs facilitant l’orientation et la recherche d’emploi sont proposés. L’INSEP possède une unité « Accompagnement et Formation des sportifs de haut niveau » et a mis en place en novembre 2015 un protocole de « transition de carrière ». Le CNOSF propose aussi un programme d’accompagnement socio-professionnel destiné aux athlètes en reconversion imminente ou effective. Mieux communiquer sur ces programmes, renforcer la concertation et se donner les moyens pour conduire cette mission est un premier levier d’action possible.
Le défi, c’est celui de l’insertion professionnelle. La valorisation et la reconnaissance des compétences acquises dans et par le sport est un levier important, et l’initiative menée par la Fondation FDJ est innovante de ce point de vue. Nous devons également utiliser pleinement les ressources qui existent, notamment les CIP/CAE. Mieux évaluer ces dispositifs en favorisant le retour d’expériences, faciliter la découverte des métiers, inciter les sportifs à mieux connaître le monde de l’entreprise, à se constituer un réseau professionnel et à s’ouvrir vers d’autres secteurs… voici quelques pistes de réflexion. Après, la question du « quand » est essentielle : identifier le meilleur moment pour réfléchir à l’après-carrière, anticiper les besoins et définir son projet. Là aussi nous pouvons encore progresser.
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