Accélérer les changements sociaux
Julian Jappert, Directeur général, Think tank Sport et Citoyenneté
Le sport n’est pas seulement reconnu comme un droit fondamental – explicité dès 1978 par l’UNESCO dans sa Charte internationale de l’éducation physique et du sport. Mais il est aussi de plus en plus envisagé par les organisations internationales, sportives et non sportives, comme un outil de développement des sociétés en général.
Le sport comme outil de développement est l’un de piliers du plan d’action de Kazan signé en 2017 lors de la 6e conférence internationale des ministres et hauts fonctionnaires responsables de l’éducation physique et du sport (MINEPS VI).
De son côté, l’ONU a adopté le programme de développement durable à l’horizon 2030 qui se donne comme cinquième objectif de « parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles. » Le sport y est spécifiquement mentionné comme « un élément important du développement durable », par « sa contribution croissante au développement et à la paix par la tolérance et le respect qu’il préconise ; à l’autonomisation des femmes et des jeunes, de l’individu et de la collectivité ; et à la réalisation des objectifs de santé, d’éducation et d’inclusion sociale. »
L’UE a elle aussi réalisé et impulsé de nombreuses et importantes avancées, depuis le Livre blanc sur le sport (2007) jusqu’à la législation relative à l’égalité de traitement (article 157 du traité sur le fonctionnement de l’UE), l’intégration de la dimension de genre dans toutes ses politiques (articles 153 et 19), ou encore l’adoption de mesures spécifiques en faveur de l’émancipation des femmes, comme la création de la commission des droits de la femme et de l’égalité des genres au Parlement européen. En décembre 2015, la Commission a également publié son « Engagement stratégique pour l’égalité de genre 2016-2019 », dans le prolongement de sa stratégie pour l’égalité entre les femmes et les hommes (2010-2015), où le sport est mentionné – lutte contre les violences et les stéréotypes liés au genre, objectif de promouvoir l’égalité dans l’accès des femmes aux postes à responsabilité (gouvernance, coaching) dans le sport. En outre, chaque année depuis 2007, des appels à projets sur la question du genre dans le sport sont lancés. On pourrait ajouter le rôle joué par le Conseil de l’Europe sur ces questions.
« Atteindre les objectifs de développement durable »
Quant aux organisations sportives internationales, elles sont de plus en plus actives : le CIO et ONU Femmes ont reconduit, en 2017, un partenariat en faveur de l’autonomisation des femmes et des jeunes filles à travers le monde ; et la FIFA multiplie les actions pour accroître la pratique féminine et l’accès des femmes aux responsabilités dans le football.
L’une des ambitions fortes du Think tank Sport et Citoyenneté est d’accompagner, de promouvoir, d’accélérer ces changements sociaux, en conduisant des projets, en menant des d’études, en ouvrant des débats et en valorisant ce type d’initiatives. Nous sommes convaincus par exemple que les grands événements sportifs internationaux (GESI) n’ont plus d’autres choix que d’accélérer un tel changement social, émancipateur et de mesurer, qualitativement et quantitativement, sur le long terme, le legs durable de leurs compétitions. Le sport ne doit pas être idéalisé. Mais il ne doit pas non plus être sous-estimé dans les multiples manières qu’il a de contribuer à l’égalité des genres et à l’accès à l’autonomie des jeunes filles et des femmes[1].
[1] NAVES Marie-Cécile et JAPPERT Julian, Le pouvoir du sport, Paris, FYP, 2017.