« Reconnaître le volontariat comme une source d’apprentissage »
Comment les États membres en Europe favorisent-ils la reconnaissance des compétences acquises par l’apprentissage non formel et informel ? Gabriella Civico, Directrice du Centre européen pour le volontariat (CEV) nous en donne un aperçu.
Pourquoi le CEV s’intéresse-t-il aux apprentissages ?
GC : Le volontariat est reconnu comme un excellent moyen d’apprentissage et comme un facteur essentiel au développement personnel et professionnel. Il est donc crucial de le reconnaître comme une source non formelle et informelle d’apprentissage. Toutefois, un équilibre doit être maintenu afin de ne pas éloigner le volontariat de son essence originelle, qui se trouve dans l’aide aux autres, et ne pas le contraindre aux seuls avantages apportés au volontaire grâce aux certifications ou à la reconnaissance des compétences.
Quel bilan tirez-vous jusqu’ici ?
GC : La Recommandation de la Commission européenne sur la validation de l’apprentissage non formel et informel (VNFIL) a conduit à l’adoption d’une feuille de route, d’un inventaire sur les systèmes de validation en Europe et de lignes directrices sur le sujet. Le CEV est membre du Cadre européen des Certifications et d’Europass, qui veillent à leur transposition effective dans les États membres. Certains d’entre eux se focalisent trop sur la formation professionnelle dans le cadre de la VNFIL plutôt que sur le rôle des organisations de volontariat et les possibilités d’apprentissage qu’elles offrent à tout âge. Dans ce cadre, l’outil Vol+ développé à partir d’une collaboration entre la plateforme nationale espagnole du volontariat et le ministère en charge du volontariat constitue une initiative prometteuse qui a démontré son efficacité dans l’amélioration de l’employabilité de volontaires en Espagne à travers la validation de qualifications et de compétences.
Que reste-t-il à faire ?
GC : L’implication d’acteurs non étatiques dans l’application de la Recommandation de la Commission est une condition nécessaire à sa réussite. Dans ce sens, le CEV développe, dans le cadre d’un projet Erasmus+, un outil pour la validation des compétences transversales acquises par les volontaires, le modèle « LEVER UP » qui contribue à augmenter leur employabilité et leur mobilité.
Des procédures plus cohérentes et coordonnées sont aussi nécessaires. Elles augmenteront les potentialités de la main d’œuvre et contribueront à une meilleure adéquation entre offre et demande.
Je crois que des acteurs non étatiques devraient travailler avec les autorités publiques afin de veiller à ce que l’identification, la documentation, l’évaluation et les mécanismes de certifications, qui soutiennent et/ou facilitent la VNFIL dépassent les tests et examens. D’autres approches comme la méthode déclarative, l’observation ou la simulation de jeux peuvent être davantage utilisées, plus particulièrement avec des groupes défavorisés et vulnérables, qui peuvent avoir besoin d’un support pour rendre leur apprentissage plus visible.
De nombreuses questions restent encore ouvertes, comme le financement de la VNFIL, le développement d’instruments communs pour assurer cette reconnaissance, les disparités de langue et de terminologie ainsi que le manque de compréhension des citoyens dans l’identification et la reconnaissance des résultats de l’apprentissage. De même, le fait de connecter cela dans la pratique et de l’utiliser sur le marché du travail demeure un défi.
J’espère que le rapport de la Commission européenne sur la VNFIL de 2019 permettra d’avancer vers une plus grande coordination et une rationalisation des efforts concernant les possibilités offertes aux citoyens en la matière.
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