3 points à retenir du colloque « Sport et Réfugiés »
Mercredi 6 avril 2022
Maison des Réfugiés – Paris
Le 6 avril dernier, à l’occasion de la Journée internationale du sport au service du développement et de la paix, s’est tenu le colloque « Sport et Réfugiés » organisé par PLAY International et Sport et Citoyenneté, avec le soutien de la Maison des Réfugiés. Retour sur cet évènement.
Le jeu sportif peut être un outil puissant pour favoriser le bien-être et l’inclusion sociale de personnes réfugiées ou demandeuses d’asile. C’est de ce postulat qu’est né en janvier 2020, le programme d’actions proposé par PLAY International, co-financé par la Commission européenne et la fondation SUEZ, duquel Sport et Citoyenneté est partenaire.
Le colloque du 6 avril a été organisé dans ce cadre, afin de réunir acteurs sociaux, ONGs, associations sportives mais aussi représentants institutionnels pour échanger sur le sport comme moteur d’inclusion des personnes exilées.
Que retenir du colloque « Sport et réfugiés » ?
La journée a débuté par un temps ludique de pratique sportive. Initiations au yoga, au taekwondo et au badminton ont été proposées par l’association Nour Yoga, la Taekwondo Humanitarian Foundation, et Solibad aux résidents de la Maison des Réfugiés ainsi qu’aux participants du colloque.
La journée s’est poursuivie par un temps d’échange d’expériences et de plaidoyer.
En ouverture du colloque, Sophie Haberbüsch-Sueur, Responsable de la Maison des Réfugiés au sein d’Emmaüs Solidarité a présenté la mission d’accueil, d’hébergement et d’accompagnement vers l’insertion des personnes migrantes, réfugiées et demandeuses d’asile qui incombe à l’association, en rappelant le contexte actuel de l’invasion de l’Ukraine. Alexanne Bardet, Chargée de missions « Innovation Sociale » chez PLAY International et Sylvain Landa, Directeur éditorial du Think tank Sport et Citoyenneté ont ensuite présenté les premières réalisations du programme d’action : séances socio-sportives adaptées, proposées dans les centres d’hébergement et les associations sportives travaillant auprès des enfants, des adolescents et des familles demandeuses d’asile ou réfugiées ; mise en relation de plus de 50 organisations (acteurs sociaux, centres d’hébergement, associations sportives…) qui ont assisté aux différents rendez-vous proposés.
La première table ronde avait pour objectif de mettre en lumière des initiatives inspirantes. Réunis autour de Guillemette Petit, Directrice de l’innovation chez PLAY International, les participants ont été invité à présenter leurs projets. Simone Etna, Co-directeur de l’association Kabubu, Jean-François Puech, Directeur général du groupe Ovale Citoyen, Raphaël Sachetat, Président Fondateur de Solibad et Laurent Moustard, pour le Comité FSGT Paris ont ainsi pu démontrer que l’inclusion par le sport, ça marche !
Les témoignages de Sarah Dad, Entraîneur régionale au sein de la Ligue de taekwondo Ile-de-France et d’Azizjan Tadjibaev, Éducateur socio-sportif ont montré comment leur implication a pu évoluer – de simple bénéficiaire à véritable acteur – dans le projet de Taekwondo Humanitarian Foundation.
Coanimée par Sylvain Landa et Lilia Douihech-Slim, Journaliste et Secrétaire générale du Think tank Sport et Citoyenneté, la seconde table ronde était composée de Pierre Rabadan, Adjoint à la Maire de Paris en charge du sport, des Jeux olympiques et paralympiques, Bruno Morel, Directeur général d’Emmaüs Solidarité et Hugues Relier, Directeur de la Performance Sociale au sein de la Fédération Française de Badminton. Les participants ont été amenés à s’interroger sur le changement d’échelles de ces initiatives et l’impact plus important qu’elles pourraient ainsi acquérir, au niveau national.
Les interventions de Nick Sore, Coordinateur en charge du sport pour les personnes réfugiées au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (UNHCR) d’Aude Prebay, Directrice générale de PLAY International ont conclu la journée.
Les 3 points clés du débat
1. Pérenniser les initiatives en place
A travers tout le territoire, de nombreuses initiatives sont mises places, de manière volontaire, par les acteurs sociaux et sportifs dans le but de rendre les pratiques sportives accessibles aux personnes exilées.
Bien qu’elles diffèrent sur certains aspects (sports proposés, publics visés, cadre de la pratique etc…), ces initiatives ont en commun de ne pas envisager le sport comme un simple divertissement mais comme un outil favorisant une meilleure inclusion des personnes exilées. Éducation des plus jeunes, insertion professionnelle, bien être, santé mentale et physique ou encore création de lien social sont autant d’objectifs poursuivis à travers des séances sportives complétées par des cours de langues et d’initiation à la culture, des binômages, des formations professionnelles ou encore des jobs dating.
Accès facilité aux infrastructures sportives, formation et sensibilisation des personnels et bénévoles des structures initiatrices de ces projets, levée des freins administratifs et financiers ont été identifiés comme autant de facteurs-clé de réussite, permettant de pérenniser ces initiatives.
2. Co-construire des solutions pour changer d’échelle
Lors de son allocution, Nick Sore a insisté sur l’importance de multiplier de telles initiatives en faveur des réfugiés.
Le partage d’expériences, de compétences et de moyens entre les acteurs sociaux, les centres d’hébergement, les acteurs sportifs et les pouvoirs publics est nécessaire pour favoriser la rencontre et la construction de solutions communes, ainsi que leur essaimage.
Pour les parties prenantes, la mise en place et le pilotage d’un processus de co-construction constitue une méthode à privilégier en vue de favoriser l’accès plus régulier des personnes exilées à la pratique sportive, notamment dans un cadre institutionnalisé tel que celui proposé par les fédérations sportives.
3. Plaider pour la pleine réalisation de l’outil sport comme levier d’inclusion sociale
Défendant une vision humaniste et progressiste du sport, Sport et Citoyenneté, PLAY International et bon nombre d’acteurs associatifs ont élaboré une tribune collective, véritable plaidoyer pour une meilleure utilisation du sport comme outil d’inclusion sociale des personnes réfugiées et demandeuses d’asile.
En conclusion du colloque, Aude Prebay a invité toutes les personnes intéressées à signer cette tribune, disponible sur les sites internet des différentes organisations et à la partager.