Bénévolat sportif : célébrer et se projeter

Crédit : Charles Pietri

Mercredi 30 octobre, le Groupama Stadium de Lyon accueillait la 2e cérémonie des trophées « Bénévoles du Sport ». Une initiative de Groupama Rhône-Alpes Auvergne, de la Région Auvergne-Rhône-Alpes et de Sport et Citoyenneté, visant à récompenser les entraîneurs, les dirigeants, les arbitres et toutes celles et ceux qui font vivre les associations sportives au quotidien. En amont de cette cérémonie, un débat était organisé pour se pencher sur les mutations du bénévolat et interroger la place du club sportif sur son territoire.

 

Les Jeux Olympiques et Paralympiques (JOP) se sont achevés il y a quelques semaines, et avec eux un certain nombre d’images et de souvenirs : les médailles, les célébrations, mais aussi le rôle-clé joué par les 45 000 volontaires dont les tenues, iconiques, se sont arrachées lors des dernières braderies des Jeux. Cet engouement présagera-t-il d’un nouveau souffle donné au bénévolat sportif ? La question mérite d’être posée tant l’enjeu de la revitalisation du bénévolat sportif figure parmi les principaux défis à relever pour un sport français particulièrement secoué en cette rentrée sportive, entre cure d’austérité, scandales financiers et incertitudes liées à sa gouvernance.

 

Crédit : Charles Pietri

L’engagement bénévole dans une association sportive (clubs, comités, ligues) constitue le socle du modèle sportif français, et l’une de ses principales richesses. Un bénévole sur quatre est engagé au service du sport en France. C’est cet engagement qui permet à plus de 160 000 clubs de fonctionner, sur tous les territoires. Ce sont les bénévoles qui participent à l’éducation de millions d’enfants et qui contribuent à l’animation des territoires, à travers les manifestations sportives, les animations et les temps de convivialité qu’ils organisent chaque semaine. Pourtant, si l’on se fie aux études, aux sondages ainsi qu’aux témoignages reçus ici ou là, on perçoit combien ce socle est fragile.

Bien sûr, la « crise du bénévolat » n’est pas un tube de l’été. C’est même une ritournelle que l’on entend régulièrement, et de manière plus marquée depuis la crise sanitaire. Pourtant, les niveaux d’engagement, tout secteurs associatifs confondus, sont assez similaires à ceux rencontrés il y a une dizaine d’années. Cela ne veut pas dire que le bénévolat ne se transforme pas. Au contraire. Déjà sur ses formes. Il n’y a pas « un » bénévolat, mais des « bénévolats » : celui ponctuel, effectué de manière occasionnelle, souvent de courte durée (celui des Jeux en somme). Le bénévolat régulier, qui concernent les personnes qui contribuent au fonctionnement de la structure en s’engageant sur le long terme et de manière constante. Ce sont ces bénévoles que l’on côtoie tous dans nos clubs et structures sportives, et qui ont été mis à l’honneur par Groupama et la Région. Il y a enfin le bénévolat de direction, qui regroupe les bénévoles qui occupent des postes à responsabilités, participent à la prise de décision et à la gestion administrative de la structure.

Crédit : Charles Pietri

Tous secteurs associatifs confondus, la manière de s’engager connaît d’importantes mutations, et le sport semble être plus durement touché par ces phénomènes. Le recul durable de l’engagement des plus âgés ? Les dirigeants associatifs sportifs sont statistiquement plus âgés que dans les autres domaines associatifs. Or ce sont les bénévoles de cette tranche d’âge, dont l’intensité de l’engagement est le plus forte, qui ont le plus décroché depuis la crise sanitaire. L’engagement plus ponctuel des jeunes générations ? Le sport connaît moins de difficultés à mobiliser des ressources pour l’organisation d’événements (quoique…), mais peine à fidéliser et attirer de nouveaux profils pour des actions au long cours. La complexité des tâches administratives et les responsabilités liées à l’exercice des fonctions dirigeantes ? Elles sont vécues comme les freins les plus exprimés par les dirigeants associatifs. La fracture associative ? Tous secteurs associatifs confondus, la proportion de bénévoles varie sensiblement du simple au double selon le niveau de diplôme, de moins de 16% parmi les moins diplômés à près de 30% parmi les titulaires de diplômes supérieurs.

 

Réinterroger son projet associatif, animer sa communauté de bénévoles

Faire face à ces défis n’est pas chose aisée. Le bénévole, par définition, choisit de s’engager volontairement dans un projet associatif. La contrainte n’a pas sa place dans l’engagement associatif. Mais des pistes de réflexion peuvent être avancées :

  • Pour les structures associatives sportives : réinterroger son projet associatif et son fonctionnement, afin de redéfinir le sens donné au projet collectif et de formaliser cela dans un document propre. Animer son collectif de bénévoles (à l’image d’une équipe sportive), pour renforcer le sentiment d’appartenance à la structure. Mettre en place des canaux de communication réguliers, permettant les échanges d’informations à double niveau. Valoriser régulièrement l’engagement des bénévoles, à différents niveaux.
  • Pour les têtes de réseaux associatives : accompagner en proximité les structures sportives dans la gestion de leurs richesses humaines (outils, conseils, formations) et dans le renouvellement de leurs viviers de bénévoles (recrutement, intégration, valorisation). A ce titre, le déploiement au niveau territorial des dispositifs « 300 femmes dirigeantes » ou « Jeunes dirigeants » portés par le CNOSF est une piste privilégiée
  • Pour les pouvoirs publics et économiques : accompagner les structures associatives dans l’identification de ressources et l’utilisation d’outils. Simplifier la gestion administrative des associations sportives ou encore faciliter la reconnaissance des compétences acquises par le biais des expériences bénévoles par des outils simples coconstruits par le monde sportif et le monde économique.

Dans sa contribution à la campagne présidentielle 2022, le CNOSF appelait à décliner un plan Marshall du bénévolat sportif. Dans son allocution mercredi dernier, le ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative indiquait que ce sujet était une priorité de son administration. Une convergence des moyens sera nécessaire pour consolider le bénévolat sportif et permettre à des soirées comme celles organisées par Groupama Rhône-Alpes-Auvergne et la Région Auvergne-Rhône-Alpes de se pérenniser.

 

14 bénévoles récompensés pour leur engagement en faveur du sport

Crédit : Charles Pietri

Pour cette 2e édition des trophées « Bénévoles du sport », Groupama Rhône-Alpes-Auvergne, la Région Auvergne-Rhône-Alpes et Sport et Citoyenneté ont choisi de récompenser 14 bénévoles impliqués dans la vie associative sportive du territoire dans six catégories : les arbitres, les membres d’une équipe dirigeante, les entraîneurs, les jeunes bénévoles, celles et ceux qui sont impliqués dans l’animation de la vie du club ainsi que deux coups de cœur ! Pour chaque catégorie, deux lauréats ont été retenus par jury en raison de l’intensité de leur engagement et de la nature de leurs accomplissements.

Parmi les lauréats figurent Luc Astol, qui œuvre sans relâche au développement de la voile en Drôme-Ardèche depuis plus de 50 ans et qui est toujours, à 84 ans, arbitre régional de cette discipline, Tahina Ramanana-Rahary (Volants des Dômes, Clermont-Ferrand), qui est à 17 ans le plus jeune arbitre fédéral de badminton accrédité de France ou encore Marion Cluzel et Jean-Michel Riehl, juges-arbitres en boccia et en natation, présents tous les deux aux Jeux Paralympiques de Paris 2024

 

Crédit : Charles Pietri

Et pour célébrer ces engagements remarquables, un parterre de remettants prestigieux était réuni autour de Francis Thomine, Directeur général de Groupama Rhône-Alpes Auvergne et Renaud Pfeffer, vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes : Laura Flessel. Quintuple médaillée olympique en escrime, Aurélien Rougerie, ancien membre de l’équipe de France de rugby. Vice-champion du monde (2011 en Nouvelle-Zélande) et 4 fois vainqueur du Tournoi des Six Nations. Laura Tarantola, vice-championne olympique d’aviron. Jo-Wilfried Tsonga. Ancien n°5 mondial de tennis. Vainqueur de la Coupe Davis (2017). Sylvain Pussier, pilote automobile, champion de France RCZ en 2015 et vainqueur du Trophée Andros en 2021 et Marie-Hélène Mathieu, Présidente de la commission Sports de la Région et Maire de la commune de Saint-Didier au Mont-d’Or. Cet événement était animé par notre Vice-Présidente, Géraldine Pons.

 

Palmarès complet :

Crédit : Charles Pietri

Membre d’une équipe dirigeante : Josette Luquet (Chassieu Tir à l’Arc) et Luc Astol (Sports Nature Devesset, Voile)

Coach-entraîneur : Géraldine Gauzelin (les Bats de Saint-Romain de Jalionas, Baseball) et Eric Munier (Tigres blancs, para-rugby à 13 de Valence-La Voulte)

Arbitre : Marion Cluzel (Ligue régionale Handisport) et Jean-Michel Riehl (Cercle des Nageurs de Bellegarde-Valserine) tous les deux présents aux Jeux Paralympiques de Paris 2024

Animation – Vie du club : Morgane Golvet (Fraternelle de Bourgoin-Jallieu, Gymnastique) et Jean Ceretta (BMX Neuville-sur-Saône)

Jeunes – Moins de 18 ans : Nour Spirli (Chambéry Tennis de Table) et Tahina Ramanana-Rahary, (Volants des Dômes, Badminton, Clermont-Ferrand)

Coup de cœur « bénévole de l’année » : Gwenaelle Taddei (Tennis Club de Coubon), Joséphine Squillario (Football Club de Bourgoin-Jallieu), Pierre Vacher (Roannais Basket Féminin), Jean Ponard (Grenoble Métropole Cyclisme 38)





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