Etnoliga : un environnement accueillant et sûr pour la pratique sportive
Krzysztof Jarymowicz, Chargé de projets Sport et Intégration, Fundacja dla Wolności
Partenaire du projet européen FIRE (Football Including Refugees) piloté par Sport et Citoyenneté, la Fundacja dla Wolności (NDLR : Fondation pour la Liberté) mène en Pologne de nombreux projets d’inclusion par le sport, à l’image du programme Etnoliga.
Etnoliga est un programme interculturel de football lancé en 2010 à Varsovie. L’idée de départ était simple : créer une plateforme et offrir aux différentes minorités un espace de pratique d’activités physiques ou sportives accueillant et sécurisé. Nous avions cependant une idée précise de notre public-cible : les personnes réfugiées. Bien que leur nombre et leur situation n’aient pas véritablement changé, la prise de conscience de leur présence sur le territoire polonais est désormais bien plus grande dans notre société. Ainsi, le projet d’aider ces populations à s’intégrer et à s’émanciper a permis aux « locaux » de se familiariser davantage avec cette communauté « invisible ».
Cependant, il est apparu très vite que la distinction entre les personnes ayant ou non le statut de réfugié n’était pas la plus adéquate puisqu’il existe de multiples catégories intermédiaires et différentes formes de protection internationale. Plus important encore, les migrants eux-mêmes n’utilisaient que très peu ce terme. Après tout, le but n’était pas de catégoriser les personnes mais au contraire d’être le plus ouvert possible.
« Attirer de nouveaux groupes »
D’autant plus que le projet Etnoliga a peu à peu attiré d’autres groupes de populations, particulièrement les femmes et les personnes LGBT. À cette époque, le football féminin était marginalisé et les personnes gays ou lesbiennes étaient régulièrement victimes de discriminations. Etnoliga s’est révélé être un lieu sûr pour tous ces publics. Ils n’étaient pas au départ la cible prioritaire de notre projet mais ils ont su s’approprier le concept de leur propre chef.
Depuis, ces personnes se retrouvent autour de points communs, comme la langue ou la culture par exemple. Nous avons mis en place des règles pour renforcer l’intégration au sein des équipes et promouvoir de manière égale femmes et migrants. Très vite, toutes les équipes sont devenues mixtes et le nombre de femmes engagées dans le projet est passé de quelques-unes à plusieurs dizaines. Certaines règles que nous nous étions fixées n’ont jamais été appliquées. Nous voulions par exemple mélanger au sein des équipes des joueurs d’origine diverses, or nous nous sommes aperçus que ces derniers souhaitaient le plus souvent rester anonymes. De même, nous avons abandonné l’idée de vérifier les documents d’identité car cela décourageait les participants potentiels.
Nous avons aussi pensé et mis en œuvre des activités parallèles directement dans les centres d’accueil, ce qui a facilité la prise de contact et l’identification des besoins. Nous avons pris en charge les frais de transport, mobilisé des interprètes, assuré les entrainements ou l’achat d’équipements supplémentaires. Toutes les parties prenantes ont appris, petit à petit, à briser la glace et à oublier leurs différences. Etnoliga donne aux nouveaux arrivants la possibilité de rencontrer des Polonais et de leur faire découvrir leur culture. Mais il est important de rappeler que tous les migrants/réfugiés ne rêvent pas de jouer au football, ou n’ont simplement pas conscience des bénéfices qu’ils pourraient en tirer.
Depuis le lancement du programme, près de 2000 personnes ont participé au projet Etnoliga. Un participant sur quatre est une femme, un sur dix un migrant/réfugié et plus de la moitié sont des étrangers.