« Associer davantage tous les acteurs du sport-santé »
Propos recueillis par Sylvain LANDA
Didier Ellart, Vice-président de l’Association Nationale des Élus en charge du Sport (ANDES) présente l’étude de cas relative au sport sur ordonnance rendue publique en février et réalisée avec l’expertise de Sport et Citoyenneté.
Pourquoi avoir initié cette étude au niveau européen ?
DE : L’implication de l’ANDES, le réseau « Sport » des collectivités locales françaises, est reconnue sur la thématique « Sport-Santé », et nous apportons notre contribution à la Stratégie Nationale Sport-Santé. Il s’est avéré nécessaire d’apporter un éclairage concret sur les dispositifs mis en place ailleurs afin d’analyser les modes de gouvernance et de financement, d’identifier les freins et de capter les bonnes pratiques susceptibles d’être dupliquées en France. Le concept « Sport-Santé » progresse en France, mais il y a encore un réel besoin de convaincre les acteurs concernés, notamment le corps médical. L’activité physique et sportive (APS) adaptée est à la fois un sujet sociétal, un défi économique et un véritable enjeu de santé publique.
Quels enseignements tirez-vous de cette étude ?
DE : Nous faisons le constat que la France est en retard dans son système de prévention par rapport à ses voisins européens. Les Français sont majoritairement sédentaires et le manque d’activité physique entraîne la survenue de facteurs de risques et de pathologies diverses.
L’étude des dispositifs démontre qu’il n’y a pas un seul mais plusieurs systèmes potentiels à mettre en place et que la définition du sport-santé varie largement selon les cultures et les pays. Le système de santé en France est fondé plus sur le recours aux thérapeutiques médicamenteuses que sur la prévention. Dans les pays d’Europe du Nord, les citoyens porteurs d’une affection de longue durée ou d’une maladie chronique s’inscrivent dans une démarche collaborative de prise en charge avec les intervenants en sport-santé, alors que, dans les pays d’Europe du Sud, un accompagnement personnalisé du patient s’avère indispensable.
Quelles sont les propositions de l’ANDES pour renforcer l’action des villes ?
DE : Si la collectivité locale reste la cheville ouvrière du dispositif, en développant des initiatives exemplaires et innovantes, il faut sortir du système stéréotypé en France qui reste trop dépendant des médecins. Il faut associer davantage tous les acteurs potentiels (pharmaciens, centres médicosportifs, infirmiers, communauté éducative) qui peuvent démultiplier l’information et permettre la prise en charge des patients.
Si le bénéfice des APS régulières, modérées, progressives et encadrées n’est plus à démontrer en tant que thérapeutique non médicamenteuse, il faut in fine convaincre la Haute Autorité de Santé et la Caisse Nationale d’Assurance Maladie pour aboutir à une prise en charge via un financement forfaitaire partiel, afin d’équilibrer le modèle économique, de fixer un cadre d’intervention et de soutenir les collectivités dans leur politique volontariste et leur expertise.
Il s’avère pertinent de soutenir l’évaluation ciblée des dispositifs pour partager les expériences, accroître le nombre de données scientifiques dans ce domaine et convaincre les autorités de cet enjeu.
Nonobstant l’attractivité des territoires en matière d’équipements sportifs, les problématiques urbaines et périurbaines restent néanmoins différentes des problématiques rurales pour le sport-prévention-santé.
@ReseauAndes