« Le sport en Europe doit continuer à être une force qui unit et responsabilise »

En 2024, « Sport » et « Europe » vont de pair ! Nouveau plan de travail de l’UE en faveur du sport, élections européennes, JOP 2024… les jalons ne manquent pas. Iliana Ivanova, Commissaire européenne en charge des questions de sport, nous partage en exclusivité son point de vue sur ces différents sujets. *

Commissaire européenne chargée de l’innovation, de la recherche, de la culture, de l’éducation et de la jeunesse, vous êtes également chargée du sport. Quelle est votre vision de ce domaine ?

La beauté du sport va au-delà de ce qui se passe sur le terrain ou de ce qui est écrit sur le tableau d’affichage. Pour moi, il a toujours été question de se connecter aux autres ou de créer des souvenirs qui font partie de notre identité. Je me souviens notamment de l’explosion de joie de mon pays, la Bulgarie, lors de la Coupe du monde de la FIFA 1994. Mais je pense aussi à la façon dont le sport, à tous les niveaux, que l’on joue ou que l’on regarde, peut unir les gens indépendamment de leur âge, de leur sexe, de leur culture, de leurs croyances et de leur condition physique. C’est pourquoi je pense qu’il est de notre devoir d’utiliser tout le potentiel du sport pour la cohésion sociale et pour le bénéfice des citoyens de l’UE. 

Je m’engage donc à mobiliser toutes les ressources disponibles pour renforcer le modèle européen du sport. Mon objectif est de promouvoir des valeurs telles que l’intégrité, le fair-play, le respect des droits de l’homme, la paix, l’égalité des sexes, la durabilité environnementale et l’inclusion sociale. Les prochaines compétitions mondiales organisées en Europe sont autant d’occasions de mettre en avant ces valeurs et la puissance de notre modèle. 

Quel bilan tirez-vous du 4e plan de travail de l’UE pour le sport qui s’achève cette année ? 

Malgré les défis (pandémie, guerre d’agression russe contre l’Ukraine), ce Plan a permis des progrès significatifs. Lancée en 2021, la campagne « HealthyLifestyle4All » est un bon exemple d’action populaire qui vise à promouvoir des modes de vie sains auprès de toutes les générations et de tous les groupes sociaux. Elle a établi un lien entre le sport et les modes de vie actifs, d’une part, et la santé, l’alimentation et d’autres politiques publiques, d’autre part. Plus de 100 engagements ont été pris dans ce domaine. 

Nous avons aussi constaté l’impact considérable que le sport peut avoir sur la société en matière d’innovation ou de durabilité. Le secteur du sport a aussi démontré qu’il pouvait contribuer à la transition écologique, faire preuve de résilience et se remettre des conséquences de la pandémie ou de la guerre. 

La préservation de l’intégrité du sport et de ses valeurs figurait parmi les objectifs de ce plan de travail. Quels sont les progrès réalisés et les enjeux dans ce domaine ? 

Le sport en Europe doit continuer à être une force unificatrice et responsabilisante pour nos sociétés, nos communautés et nos économies. 

Le plan de travail a défini des travaux conjoints avec les États membres pour créer un environnement sportif sûr, promouvant l’égalité des sexes, luttant contre les discours haineux, la violence et la discrimination sur le terrain et en dehors, et se coordonnant avec les organisations internationales pour faire respecter les principes du fair-play. 

En outre, les études et les enquêtes menées par la Commission étayent ses politiques en se fondant sur des données probantes. Je pense à l’étude sur la lutte contre les stéroïdes anabolisants et les hormones de croissance humaines dans le sport (2021) ou encore à l’étude sur le modèle européen du sport (2022). Une étude sur les droits des athlètes dans et autour des grandes manifestations sportives sera publiée cette année. 

2024 est une année particulière pour le sport européen, avec la tenue des Jeux à Paris mais aussi les élections européennes. Qu’attendez-vous de ces deux événements ? 

Les Jeux seront une grande célébration du sport. Ils constituent une excellente plateforme pour incarner la vision d’une Europe unie dans la diversité et promouvoir les valeurs d’excellence, de tolérance et d’amitié. Ce sont ces mêmes valeurs qui viennent à l’esprit avant toute élection européenne – et cette année ne sera pas différente.  

De plus, les Jeux sont l’occasion de montrer comment un événement sportif majeur en Europe peut laisser un héritage, que ce soit en matière de durabilité, d’égalité, d’inclusion, d’autonomisation des jeunes, de participation, de santé ou de bien-être mental. Je sais que cela fait partie des objectifs ambitieux de Paris 2024 ainsi que de nos propres priorités au niveau européen.  

Nous sommes déterminés à contribuer à cet héritage, comme lors du Forum européen du sport ou par la promotion de nos initiatives, telles que la Semaine européenne du sport et notre campagne annuelle #BeActive, qui encouragent un mode de vie plus actif pour tous. 

Les valeurs olympiques et européennes sont en fin de compte alignées et entrelacées. Cette année est une célébration des deux et un rappel de notre devoir permanent de les soutenir et de les défendre. 

*Interview réalisée en janvier 2024

Cet article a été publié dans la revue Sport et Citoyenneté n°57 : Protéger l’intégrité du sport